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Redonner des ailes à MNL !

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Ryanair a décidé de s’installer en Champagne en ouvrant deux liaisons hebdomadaires vers Stockholm et Oslo. La compagnie low-cost mise sur le vignoble et Eurodisney. Pendant que Metz-Nancy-Lorraine (MNL) ronronne, l’aéroport de Vatry développe un projet très ambitieux. 

Vatry, un petit aéroport au milieu de nulle part dans la campagne champenoise, au Sud de Reims. Cela ne vous rappelle rien ? Mais à compter du 30 juin, ce terrain d’aviation jusque-là réservé au fret verra atterrir et décoller des avions de Ryanair. En tout cas pour au moins trois mois. Un sacré rebondissement quand on sait que frappé de plein fouet par la crise, Vatry a vu son tonnage passer de 40 000 en 2008 à 23 000 en 2009. Au-delà de ce constat, une question nous taraude. Sa réponse suscite d’ailleurs les plus grandes craintes et laisse planer le pire. Cette question lancinante, c’est la suivante : pourquoi Ryanair s’implante-t-il en Champagne et non en Lorraine ? La réponse tient quant à elle en deux mots : unité et attractivité. 

En Champagne, les décideurs ont souhaité faire front commun pour sauver leur aéroport qui bat de l’aile en raison de l’effondrement du fret. C’est pourquoi les chambres de commerce et d’industrie de la Champagne et de Reims ont planché sur un projet ambitieux, soutenu par le conseil général UMP de la Marne, propriétaire de l’aéroport, le conseil régional PS et la communauté d’agglomération de Châlons-en-Champagne. Une entente cordiale qui fait rêver de l’autre côté de la forêt d’Argonne, en Lorraine, où pour nos chers politiques, un tel consensus relèverait du miracle. 

Toujours en Champagne, les élus n’ont en outre pas hésité à avancer 1,55 million d’euros pour lancer le démarrage de Ryanair, à travers des actions de marketing et de communication destinées à promouvoir les nouvelles lignes. Une pratique qui fait enrager Air France et qui nous laisse dubitatifs dans son principe. Mais une pratique qui a le mérite d’être pragmatique et de donner des résultats. En attendant, la compagnie française a décidé de déposer plainte et dénonce les aides, selon elle « contraires aux règles européennes » accordées par 25 aéroports français. Au final, cette opération apparaît relativement onéreuse, dans la mesure où 1,55 millions d’euros d’aides publiques pour seulement 64 rotations, cela fait 24 000 euros par vol. Un gros risque, certes, mais qui ne tente rien n’a rien. C’est toujours mieux que la stratégie béante et attentiste des bras croisés.  

Mais, vous nous direz, vu de l’étranger, que peut bien peser la Lorraine face à la renommée internationale du vignoble champenois et à la proximité d’Eurodisney ? « Nothing » pour les responsables du développement de Ryanair. Pourquoi ? Tout simplement parce que ces mêmes responsables ne connaissent pas les richesses de la Lorraine. Poursuivons : pourquoi ne connaissaient-ils pas les richesses de la Lorraine ? Eh bien, peut-être qu’ils ne s’y sont jamais intéressés par manque de curiosité et d’ouverture d’esprit, mais surtout parce que les dirigeants lorrains ne communiquent pas sur nos atouts et nos trésors. Ils n’envoient pas de signaux positifs au reste du monde. On en revient donc toujours aux mêmes problèmes : communication (voir : http://blogerslorrainsengages.unblog.fr/2008/09/29/un-manque-cruel-de-communication/) et image (voir : http://blogerslorrainsengages.unblog.fr/2010/04/12/lorraine-la-bataille-de-limage/). Pourtant, à bien y réfléchir, nous pourrions largement concurrencer le duo parisien et champenois par le Centre Pompidou-Metz, la cathédrale de Metz, la place Stanislas de Nancy, les champs de bataille de Verdun, le plus grand Center Parcs d’Europe et la montagne vosgienne. Rien que cela ! 

Cela dit, à la rigueur, nous préférons largement notre situation géographique et économique que celle de la Champagne. Car, coincée entre la Lorraine et Paris, cette dernière ne doit que ce qui lui reste de salut qu’à l’attractivité de la capitale française, qui l’aspire chaque jour un peu plus. Un tel constat ne signifie pour autant inaction en Lorraine. 

Enfin, si les Champenois n’aiment pas le terme, leur nouvelle stratégie ressemble bel et bien à une opération de la « dernière chance » pour sauver leur infrastructure. MNL n’en est pas encore là. Certes. Il faut dire que l’aéroport n’a perdu « que » 600 000 euros en 2009 (voir : http://blogerslorrainsengages.unblog.fr/2010/01/29/mnl-ne-decolle-toujours-pas/). Sans dénigrer la Champagne, si cette région peut le faire, si cette région peut attirer des compagnies telles que Ryanair, la Lorraine est capable de l’égaler et de la dépasser. L’idée est en effet de développer un pôle logistique multimodal lorrain d’envergure mondial, entre l’aéroport et la gare TGV de Louvigny. C’est le prix à payer pour être reconnu et exister. 

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2 Commentaires

  1. rca

    30 mai, 2010 à 9:01

    Cela dit, Ryanair fait partie des « cadeaux empoisonnés » que réserve parfois le monde économique : chantage social, chantage à l’emploi, et départ du jour au lendemain sans autre forme de procès si les conditions de subvention et d’aide ne lui plaise pas ou ne lui plaise plus.

    Ainsi, ils ont failli quitter l’aéroport tout neuf de Charleroi si ils ne recevaient pas une indemnisation pour une histoire de grève non indemnisé : les pouvoirs publics belges ont du passer à la caisse et verser 2 millions d’euros sans autre forme de justification.

    Demandez aux gens de l’aéroport de Bâle ce qu’ils en pensent : du jour au lendemain, Ryanair, en désaccord avec le gestionnaire de l’aéroport, est parti : 300 emplois à la rue comme cela …

    Même à Zweibrucken, ils sont partis sans rien dire et ont laissé en plan tous les investissements que les Allemands avaient fait pour les accueillir…

    Faire dépendre son aéroport d’une seule compagnie de type Ryanair, c’est se passer la corde au cou car ce sont eux qui dicteront leurs conditions et suceront l’exploitant jusqu’à la moëlle et après, hop, on se casse et démerdez vous … Figurez vous qu’ils sont entrés dans ce type de « dialogue » avec l’exploitant de Londres-Stansted qu’ils menacent de quitter purement et simplement avec armes et bagages et quiconque a déjà été à Londres par Ryanair sait ce que représente Stansted pour Ryanair …

    Donc faire venir Ryanair c’est bien, en faire dépendre l’essor d’un aéroport est un mauvais calcul.

  2. Observateur

    31 mai, 2010 à 10:56

    Pour rebondir sur le commentaire précèdent, Ryanair s’est installé il y a quelques années a Strasbourg Entzheim dans les mêmes conditions que Reims (aide financière d’une collectivité). Airfrance a porté plainte contre cette aide et a eu gain de cause par le tribunal de Nancy …. et Ryanair est parti s’installer de l’autre coté de la frontière à Baden Baden. Donc, logiquement, mêmes causes , mêmes effets pour Vatry .

    Pour ce qui est de MNL, à la même époque, il était question que Ryanair s’y installe … mais la destination aurait été vendue par Ryanair en tant que Luxembourg …. donc pas trop d’intérêt pour le tourisme lorrain. Dans ces conditions, on comprend la réaction des dirigeants lorrains (surtout ceux du sud) qui n’ont pas accepté le chantage à l’aide financière.

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