Le dimanche 16 mai, le mythe et la procession ancestrale du Graoully seront ressuscités et surtout revisités par le Centre Pompidou-Metz. Le musée les livrera en effet aux petits Messins, dont l’imaginaire constituera une voie royale vers l’art contemporain.
S’il est bien une légende assimilée à Metz, ville aux 3 000 ans d’histoire, c’est bien celle du Graoully, terrifiant dragon. Cette « effigie ridicule et terrible aux enfants, avec des horrifiques mâchoires que l’on fait terrifiquement cliqueter » selon les écrits du XVIème siècle de l’humaniste François Rabelais, était pendant le Moyen-âge et la Renaissance portée en procession dans toute la ville puis fouettée par les enfants en signe de détestation. Sa réplique se trouve aujourd’hui dans la crypte de la cathédrale de Metz.
En effet, selon la légende, Saint Clément fut envoyé par Saint Pierre pour évangéliser Metz. Mais il découvrit à son arrivée de nombreux serpents installés dans les ruines encore fumantes de l’amphithéâtre qui était pourtant l’un des plus grands du monde romain. L’arrivée de Saint Clément à cet endroit précis, dans cette enceinte où se produisaient les jeux du cirque, à savoir des chasses avec des animaux sauvages et des humiliores avec des crucifixions et des bûchers, n’est pas un hasard. Celui qui fut le premier évêque de Metz, réussi à soumettre le plus grand d’entre eux, le fameux Graoully, qu’il conduisit sur les bords de la Seille pour le noyer.
On perçoit à travers cette légende une symbolique évidente. Le Graoully, montre hideux qui représente les anciennes religions païennes, est terrassé par Saint Clément, envoyé de Rome, signifiant ainsi le triomphe du christianisme. L’évangélisation de la ville est alors accomplie.
Cette légende sera le fil conducteur de la parade du Graoully, qui reliera le centre historique au Centre Pompidou-Metz, construit lui-même non loin de l’ancien amphithéâtre romain. De quoi montrer que l’un ne tourne pas le dos à l’autre, que la cathédrale du XIIème siècle ne s’oppose pas à celle du XXIème siècle. Pour faire, le départ du cortège est donné à 10 heures Places d’Armes. Tous les participants, parents et enfants, devront avoir revêtu un t-shirt blanc. Des crécelles et autres jouets bruyants seront alors distribués, afin de faire le plus de bruit possible. De quoi réveiller une autre tradition de Lorraine. Le cortège accompagnera une effigie du Graoully de presque 30 mètres de long réalisée dans un atelier de Maxéville, près de Nancy. Le monstre aux couleurs de la ville, c’est-à-dire blanc et noir, sera porté par une vingtaine de personnes qui le feront onduler.
En attendant le déroulement de cette manifestation, nous pouvons que nous réjouir de voir revivre cette tradition ancienne et populaire. Nous regrettons toutefois qu’elle ne s’apparente pas à sa forme originelle, à savoir une procession religieuse. Il sera intéressant en tout cas de constater d’un point de vue sociologique si le Graoully, autrefois détesté et craint, ne sera pas au XXIème siècle adulé et loué. De la toiture de la gare de Metz, dont on dit qu’elle serait faite de ses écailles, aux caves des maisons de la ville où il rôderait encore pour effrayer les enfants qui ne seraient pas sages, son ombre continue de planer encore aujourd’hui sur une ville plusieurs fois millénaire …
Groupe BLE Lorraine
7 février, 2015 à 18:07
La découverte d’ossements de dinosaures marins au cours des premiers siècles après Jésus-Christ à Metz pourrait être à l’origine de la légende du Graoully. Plusieurs squelettes d’ichthyosaures ont notamment été exhumés des couches de lias lorrain, notamment près de Saint-Julien-lès-Metz en 1913. Une de ses étranges créatures aurait alors pu être considérée comme un dragon par nos ancêtres.
Groupe BLE Lorraine
27 novembre, 2019 à 21:16
Les riverains et les commerçants attendaient son retour avec impatience. La figure du Graoully, dragon légendaire de Metz, plane à nouveau au-dessus de la Rue Taison, l’une des plus belles du centre-ville. Abîmé par le temps et les oiseaux, il s’était envolé au mois de mars. Il a depuis été magnifiquement restauré dans les ateliers de l’Opéra-Théâtre. Désormais protégé par une épaisse couche de résine, le Graoully a été remis en place par les services municipaux. Tête tournée en direction de la cathédrale, où repose une autre de ses effigies dans la crypte, l’emblème de la Rue Taison est suspendu par plusieurs câbles. Fait de polystyrène renforcé par une structure métallique, il faut dire que le monstre pèse près de 200 kilogrammes et mesure 3,4 mètres de long pour 1,4 mètre de large.