Plus de six mois après l’arrêt de la cokerie de Carling, les syndicats expriment toujours leur colère par rapport aux promesses non tenues. L’amertume plane en effet encore sur ce drame industriel et social.
Alors que la cokerie aurait fêté ses cent ans cette année, elle aurait, à quelques mois près, pu encore livrer du coke à son actionnaire sarrois Rogesa. La direction allemande, après avoir fermé le site lorrain, va finalement être contrainte d’en acheter en Pologne avant d’être autosuffisante avec sa nouvelle cokerie ZKS en 2012. Un immense gâchis. Le raisonnement financier qui veut faire rentrer un maximum d’argent à très court terme a une nouvelle fois foutu en l’air une incroyable épopée humaine. Combien de fois faudra t-il répéter que pour un tel équipement industriel c’est sur le long terme qu’il faut penser, avant de pouvoir envisager une certaine rentabilité. Mais non, les actionnaires et autres holdings sont obnubilés par l’argent, toujours plus d’argent virtuel, de simples chiffres sur un écran, au point d’en perdre la raison la plus évidente. Au-delà de cette conception, ce qui nous révolte le plus et ce qui est inacceptable, c’est que l’annonce de 77 postes proposés par Rogesa aux 115 ex-salariés de Carling ayant accepté le Plan de Sauvegarde de l’Emploi (PSE) en novembre dernier est tout bonnement bidon. En effet, selon l’intersyndicale, plus de cinq mois après la signature du PSE, seule une dizaine d’employés a quitté le groupe, préférant le licenciement et l’enveloppe négociée autour de 23 000 euros. Sur les 115 autres salariés ayant adhéré au PSE, onze ont de même décroché un poste dans le groupe Dillinger Hutte en CDD renouvelable, avant d’obtenir un contrat à durée indéterminé. Treize salariés ont par ailleurs retrouvé un emploi en CDI chez GRtGaz, à l’Usine d’Electricité de Metz (UEM), chez Schneider Electric, ou encore à la Communauté d’Agglomération Sarreguemines Confluences. D’autres propositions de reclassement s’ouvriraient pour trois postes au Centre de Pyrolyse de Marienau (CPM), dans la sidérurgie lorraine chez ArcelorMittal et à la cokerie de Sérémange. Néanmoins, une majorité d’anciens salariés est toujours à la recherche d’un emploi. Rémunérés pendant l’année du reclassement à hauteur de 85 % du dernier salaire brut, nombreux sont ceux qui se sont engagés dans une formation. Le compte n’y est donc pas.
Enfin, il nous apparaît légitime, tout comme pour l’intersyndicale, de s’interroger et d’obtenir des garantis sur le devenir du site, notamment en matière de dépollution et de revitalisation, mais aussi sur le soutien promis aux sous-traitants.
Au fait des visiteurs venus du Vietnam se seraient montrés intéressés par le matériel de la cokerie. Qu’ils viennent puisqu’on brade et on démantèle tout par chez nous !
(Source : presse régionale)