En effet, en un an, de 2008 à 2009, la Lorraine a perdu 5,5 % de ses médecins avec une hémorragie particulièrement marquée en Meurthe-et-Moselle. L’ophtalmologie est une des spécialités qui subit le plus un déficit chronique.
Ainsi, au 1 er janvier 2009, 8 441 médecins étaient inscrits à l’Ordre en Lorraine. Soit 5,5 % de moins qu’au 1 er janvier 2008. La Lorraine a une densité de 298 médecins en activité totale pour 100 000 habitants et 276 en activité régulière pour 100 000 habitants. Ces scores, relativement corrects par rapports aux moyennes françaises, cachent cela dit de fortes disparités départementales. Avec -11,7 %, le département de la Meurthe-et-Moselle a perdu 427 praticiens en un an ! Dans le même temps, ces derniers sont également en recul en Meuse (- 3,1 %), quand la Moselle (- 0,6 %) et les Vosges (+ 0,3 %) arrivent encore à limiter la casse.
Les professions médicales ont dernièrement et une nouvelle fois tiré le signal d’alarme. Il faut dire que compte tenu du départ à la retraite des praticiens de la génération du baby-boom, le pire est à venir dans les dix prochaines années, avec une pénurie de praticiens qu’il sera difficile à contenir. Et plus le temps passe, plus les besoins risquent d’augmenter, dans la mesure où toute action, toute réforme, ne pourra se mesurer dans le temps que 12 ans plus tard, du fait de la longueur de la formation des médecins. Le numerus clausus stagne actuellement à 3 500 nouveaux médecins formés par an. Ce n’est donc que d’ici 12 ans que sortiront les praticiens du numerus clausus à 7 500 !
Par ailleurs, devant la difficulté et la sélection très sévère en première année de médecine, beaucoup de jeunes Lorrains s’exilent dans des pays étrangers comme la Belgique et même maintenant la Roumanie pour pouvoir recevoir et réussir leur formation. Que dire également des conditions désastreuses d’enseignement de la médecine en France, avec des amphithéâtres bondés et bruyants et où la concurrence est de mise entre des jeunes qui bénéficient du réseau de leurs parents, ceux qui ont les moyens de se payer des cours supplémentaires pour réussir et ceux qui triment sans rien. Dans ce monde et ce modèle éducatif, tout se monnaye et s’achète, que ce soit des cours ou des places. Un véritable système à deux vitesses s’est ainsi mis en place dans l’indifférence générale.
Il est de même intéressant de constater que les jeunes ne veulent désormais plus travailler dans le libéral, en Lorraine plus qu’ailleurs. Chez nous, moins de 10 % des étudiants font ainsi le choix du libéral à la sortie de la faculté de médecine. Même si ce refus est générationnel, le contexte social et économique de la crise fait que les jeunes praticiens sont majoritairement attirés par le salariat, plus sécurisant et moins astreignant.
En Lorraine, la moyenne d’âge des médecins libéraux est actuellement de 52 ans. Selon la pyramide des âges, une longue période de départs à la retraite a débuté en 2009 et durera jusqu’en 2025. La Lorraine doit donc se préparer à des déserts médicaux. Le manque d’attractivité de notre territoire (voir : http://blogerslorrainsengages.unblog.fr/2010/04/12/lorraine-la-bataille-de-limage/), injuste mais réel, rend le problème plus aigu encore.
Dès lors, que faire pour tenter d’enrayer la désertification en marche ? Les maisons médicales constituent une première solution pour une pratique libérale plus souple (voir : http://blogerslorrainsengages.unblog.fr/2009/05/05/les-maisons-de-sante-pour-preparer-lavenir/). Celle de Vicherey, dans les Vosges, qui regroupe aujourd’hui treize professionnels de la santé, est d’ailleurs un modèle du genre. Mais aujourd’hui, les collectivités locales subventionnent avec parcimonie de telles structures.
Le recrutement de praticiens étrangers, qui prend de l’ampleur, peut également constituer une réponse. Ce dernier ne suffira cependant pas à régler le problème à terme.
Il faut savoir que la Lorraine est une des destinations privilégiées pour les médecins européens avec le Nord de la France et les régions Paca et Rhône-Alpes. En effet, c’est d’abord en Moselle et en Meurthe-et-Moselle que ces derniers s’installent. A noter que dans le détail, ces médecins étrangers sont d’abord Belges à hauteur de 16,37 %, Roumains (12,04 %) et Allemands. La Lorraine est d’ailleurs avec l’Alsace, le Rhône-Alpes et l’Ile-de-France, le territoire qui concentre le plus de médecins d’origine roumaine.
(Source : presse régionale)
bloggerslorrainsengages
9 septembre, 2012 à 22:40
24 zones souffrent d’une densité médicale insuffisante en Lorraine. Zones rurales reculées, elles sont désertées par les médecins généralistes et les autres professionnels de santé de premier recours comme les infirmiers, les masseurs-kinésithérapeutes, les dentistes ou encore les pharmaciens d’officine. Parmi elles, on trouve le Nord meusien, les secteurs de Longuyon et Jarny, Blâmont et Cirey-sur-Vezouze, Morhange, Dieuze, Puttelange-aux-Lacs, le Sud vosgien, la montagne de Rambervillers, Bruyères et Corcieux. A ces 24 zones où vit 7,5 % de la population lorraine, s’ajoutent des territoires dont la situation médicale pourrait rapidement se dégrader. Les secteurs de Sierck-les-Bains, Bouzonville, Rohrbach-lès-Bitche, Bitche et Thiaucourt sont concernés.
Les généralistes rechignent à s’installer dans ces zones, de peur d’exercer de manière isolée sur un territoire trop vaste. Les médecins préfèrent se rapprocher des petits centres urbains, là où il y a des spécialistes et des hôpitaux, ce qui aggrave encore plus les contrastes. Cette réalité met en péril le principe d’égalité d’accès aux soins.
Pour y remédier, des mesures incitatives sont prises par l’Agence Régionale de la Santé en partenariat avec l’Assurance-maladie et les syndicats professionnels. La caisse primaire mesure le nombre de consultations et visites du généraliste en zone fragile et applique une majoration de 20 % de ses actes. Le patient continue toutefois à payer sa consultation 23 euros.
Il existe aussi des mesures de régulation de la démographie médicale. Si les généralistes ne sont pas concernés et peuvent s’installer où ils veulent, des conventions ont été signées avec d’autres professionnels, en particulier les infirmiers libéraux. Il y a à la fois des incitations financières sous forme d’une aide à l’investissement de 3 000 euros par an pendant trois ans, afin de permettre, par exemple, l’achat d’un véhicule pour ceux qui s’installeraient dans les zones dépourvues de toutes activités médicales. Les infirmiers libéraux qui signent ce contrat avec l’Assurance-maladie s’engagent aussi à participer aux campagnes d’injection vaccinale contre la grippe et à travailler en groupe. Les maisons de santé constituent une autre mesure de cette politique (voir : http://blogerslorrainsengages.unblog.fr/2009/05/05/les-maisons-de-sante-pour-preparer-lavenir/). A noter enfin que la régulation démographique bloque également toute installation dans les zones déjà largement dotées, sauf pour profiter du départ à la retraite d’un confrère.
bloggerslorrainsengages
3 décembre, 2012 à 0:43
La Lorraine est la 10ème province la moins bien dotée en termes de densité médicale. 40 % des internes formés quittent la région une fois leur diplôme en poche. Par ailleurs, seulement 1 sur 10 s’installe en libéral.
L’idée est donc de fidéliser les professionnels formés sur le territoire régional, afin de lutter contre la désertification médicale. Pour cela, des mesures incitatives sont mises en place. Un contrat d’engagement de service public a par exemple été signé cette année par 4 étudiants et 4 internes. En contrepartie d’une bourse de 1 300 euros, ces derniers s’engagent à exercer en zone déficitaire pour une durée équivalente au versement de leur bourse. 10 candidats vont également bénéficier d’un contrat de deux ans pour exercer à mi-temps en centre hospitalier universitaire et à mi-temps en centre hospitalier périphérique. L’objectif est que ces jeunes professionnels travaillent à terme dans ces structures périphériques ou s’installent sur leur territoire.