Metz reflète à plus d’un titre l’ambivalence de la Lorraine, pays d’entre d’eux, avec un patrimoine et une culture situés au centre des modèles parisien et berlinois, entre tradition et création, monuments et nouveautés. Du poète latin Ausone au IVème siècle qui vantait déjà la beauté des bords de la Moselle à l’invention du chant grégorien, en passant par les Victoires de la Musique classique à l’Arsenal et diffusées sur tous les écrans, les vitraux de Hermann de Münster et de Chagall à la cathédrale Saint-Etienne et à ceux de Cocteau à l’église Saint-Maximin, les tableaux de Monsu Desiderio, ainsi que par les installations de Buren dans le cadre des manifestations de préfiguration du Centre Pompidou, Metz est incontestablement une ville d’art et d’Histoire. Mais nombre d’habitants et de visiteurs l’ignorent.
Par conséquent, comment parvenir à changer cette image de cité industrieuse et militaire ?
Dans la seconde moitié du XXème siècle, nous avons assisté à un certain engourdissement culturel de Metz, qui s’est satisfait de l’évènementiel et de la diffusion de représentations, parfois de haut niveau, tout en négligeant les autres aspects sans lesquels une ville ne peut prétendre à se hisser au statut de « capitale culturelle » : à savoir la création, en offrant aux artistes de véritables possibilités de séjour et d’expression, et la formation qui lui est indissolublement liée, là encore avec les moyens nécessaires. Ainsi, le Conservatoire de musique est par exemple depuis toujours logé dans des bâtiments inadaptés. Son récent déménagement ne lui a pas pour autant permis de trouver des locaux plus fonctionnels. De la même manière, le fond patrimonial exceptionnel des bibliothèques municipales ne peut être mis en valeur ni utilisé, à notre grand regret. Par ailleurs, l’école des Beaux-arts, dont le bâtiment a manifestement mal vieilli, n’attire que peu d’étudiants. Même si l’installation de l’université à la fin des années 1960 a amené à Metz un nouveau public, jeune mais désargenté, les besoins spécifiques de cette population n’ont jamais été pris en compte, malgré la présence des Trinitaires et de l’espace théâtral BMK.
Autrement dit, le défi culturel de Metz consiste à faire mieux avec les moyens existants.
Un autre exemple peut être donné avec l’Ecole Supérieure des Arts de Metz qui, sous la houlette d’un nouveau directeur, se tourne délibérément vers une politique lorraine en se regroupant dans un établissement public avec l’école analogue d’Epinal, avant d’envisager une fusion à trois avec Nancy. Une démarche similaire est par ailleurs en cours pour le lyrique entre les deux principales métropoles lorraines, ce qui conduirait à alléger la production lyrique de l’Orchestre National de Lorraine, dont ce n’est pas la vocation principale.
Cependant, un élément nouveau est apparu dans le paysage messin avec l’arrivée du Centre Pompidou, qui disposera des énormes réserves du Centre Pompidou de Paris, mais aussi d’un espace d’exposition impressionnant, d’un auditorium, d’une salle de création théâtrale et d’une salle de conférence. Dès lors, il convient d’imaginer avec cette nouvelle structure les moyens pour que celle-ci devienne, pour les habitants de l’agglomération, d’abord un centre attractif, puis un outil d’éducation artistique leur ouvrant l’accès aux autres offres culturelles de la ville. La publicité nationale et internationale qui est faite pour un Centre Pompidou à proximité immédiate de la gare comporte un réel risque de voir une partie importante du public constitué de touristes « aller-retour » qui ne verraient même pas qu’il existe une ville historique de Metz, si ce n’est par les vues données par les galeries du musée d’art contemporain sur certains monuments emblématiques comme la cathédrale.
Par conséquent, c’est l’ensemble de la politique culturelle de la ville qu’il faut repenser en y intégrant l’existence de Pompidou, afin d’éviter des écueils prévisibles. L’important consiste à créer un axe circulatoire, allant du Centre Pompidou aux Musées de la Cour d’Or et inversement, ce qui permettrait de surmonter l’obstacle que constitue la barrière impressionnante de la gare.
Un autre risque non négligeable est de voir le Centre Pompidou dominer des secteurs entiers de la vie culturelle messine, qui graviteraient tels des satellites autour d’un impressionnant astre de lumière. Le bâtiment, en dehors des espaces réservés aux exposions, disposera en effet d’un auditorium et d’un espace de diffusion théâtrale ou chorégraphique comme nous l’avons vu. L’espace de 5 000 mètres carrés destiné aux expositions temporaires, qui est d’ailleurs unique en Europe, permettra d’accueillir des œuvres renouvelées qui constitueront un évènement de dimension internationale. De même, il est d’ores et déjà prévu que chaque semaine, tous les soirs du mercredi au dimanche, se déroulera une manifestation différente, avec de la musique, de la danse, du cinéma ou encore du théâtre. Si bien qu’une mauvaise coopération avec les autres centres culturels de la ville, disposant de moyens inférieurs, pourrait leur être fatal. D’autant plus que le centre d’art contemporain s’est proposé pour abriter un programme national de création des jeunes. En outre, la programmation envisage de créer un festival sur l’esplanade du Centre Pompidou, afin d’habituer la population à venir, qui pourrait se dérouler sur deux périodes de l’année, à l’image de l’opération Constellation organisée en 2009. Si toutes ces initiatives sont parfaitement louables et appréciables, elles ne doivent cela dit pas nuire à l’offre culturelle messine prise dans son ensemble. Autrement dit, loin d’apparaître comme des manifestations « concurrentes », elles doivent s’inscrire dans une démarche de complémentarité.
Le centre Guggenheim de Bilbao accueille chaque année 1 million de visiteurs. Si elle veut tourner valablement, la structure lorraine devra quant à elle atteindre une moyenne minimale de 1 000 visiteurs par jour. Pour atteindre ce chiffre, les experts estiment que 4 à 6 expositions de 4 à 6 mois devront être organisées par an. L’ambition de Pompidou est évidente. Celle-ci ne peut se réaliser qu’avec un afflux très important de visiteurs extérieurs, ce qui montre tout le danger que peut courir la ville à rester à côté d’un flux trop focalisé sur le musée d’art contemporain. Si la proximité de la gare est indéniablement un atout pour le Centre, elle constitue une menace pour la ville que le talus SNCF sépare en deux. Cet aspect est d’autant plus criant que le nouvel équipement ne semble pas concerner plus que cela les habitants du quartier. Un premier souci pour Metz sera donc d’éviter que la situation géographique du Centre Pompidou ne soit au final un handicap. En effet, les voies ferrées et la gare représentent un réel barrage entre la ville et le quartier de l’Amphithéâtre encore en devenir, d’autant plus que les voies de passage sont étroites et très peu attractives pour les piétons et les cyclistes. Pour inciter les gens à franchir un tel obstacle, nous ne voyons pas d’autres solutions que de proposer une offre culturelle de proximité du côté de la place du général de Gaulle en utilisant les immenses locaux du château de La Poste et ceux de l’ancien Hôtel des Mines. La politique de billetterie devra être aussi le fruit d’une collaboration entre la ville et l’équipe du Centre Pompidou. Cette dernière a déjà affirmé quelques principes comme la gratuité d’accès pour les Messins, certains jours, aux espaces communs du centre d’art contemporain. La conception de « Pass » aux tarifs intéressants incluant, avec une visite au Centre Pompidou, l’accès à d’autres locaux ou manifestations culturelles de la ville pourrait par ailleurs contribuer à créer le lien souhaité entre les différents sites. Il en serait de même avec des sortes d’abonnements, ou de « Multi-pass » utilisables plusieurs jours et éventuellement séparés dans le temps, qui devraient être conçus pour être profitables aussi bien à des Messins qu’à des amateurs venant de plus loin. A noter que la ville devra aussi participer à un effort de formation et de sensibilisation du public à l’art contemporain en concevant des passerelles dans les autres lieux culturels.
Rappelons que la plan d’implantation initial du Centre Pompidou prévoyait à proximité immédiate la construction d’une grande bibliothèque-médiathèque qui aurait fonctionné comme celle du Centre Pompidou de Paris. Ce projet a malheureusement été reporté pour des raisons budgétaires. Contrairement à ce qu’on aurait pu penser a priori, cette décision ne représente pas une catastrophe pour la structure messine, dans la mesure où l’expérience parisienne montre que les deux publics ne se recouvrent pas vraiment.
L’existence d’une grande bibliothèque permettant l’accès au fond historique de la ville pourrait néanmoins représenter, de l’autre côté de la gare, une offre culturelle assurant une liaison entre le Centre Pompidou et la ville, susceptible d’attirer vers la visite de cette dernière un flux touristique initialement axé vers le musée d’art contemporain.
On pourrait ainsi imaginer sur le parvis de la gare, côté triangle impérial, dans un quartier classé au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO, la fameuse grande bibliothèque installée dans l’ancien Hôtel des Postes qui offrirait un espace digne aux magnifiques collections de Metz.
Après avoir occupé de 1803 à 1977 la chapelle des Carmes, la bibliothèque municipale se trouve actuellement au Pontiffroy. Elle s’avère aujourd’hui totalement banale et inadaptée. Trop petite pour une bibliothèque centrale, non marquée dans le paysage urbain, à l’étroit dans ses murs et malaisée d’accès, son état rend difficile la consultation des œuvres patrimoniales comme le fond allemand, l’imagerie et la photographie. Une situation pour le moins paradoxale pour une ville qui fut pourtant l’un des berceaux de l’imprimerie. Il paraît aussi évident maintenant que ce patrimoine ne dispose pas d’un bâtiment digne de lui, puisque les carences cachées par des rustines et l’agrandissement impossible de l’équipement actuel ne font que renforcer sa précarité. Nous pensons donc qu’il est urgent d’aménager une vraie bibliothèque centrale qui reprendrait toute sa dimension patrimoniale de conservation, soit par la réutilisation de locaux marqués historiquement, soit par un geste architectural fort qui traduirait l’empreinte du livre dans l’histoire de Metz. L’existence d’une grande bibliothèque qui présenterait les fonds historiques de la ville pourrait donc représenter une offre culturelle assurant la liaison entre Pompidou et la vieille ville. Par sa superficie et son emplacement stratégique, l’Hôtel des Postes nous semble tout indiqué pour accueillir une telle infrastructure. De plus, cette grande bibliothèque, en plus d’assurer la fonction traditionnelle du prêt, deviendrait l’endroit des rencontres littéraires, éditoriales et intellectuelles de la ville. Par ailleurs, certains fonds particuliers, comme le fond Koltès ou le fond patrimonial allemand, devraient bénéficier d’espaces spécifiques et bien différenciés dans l’enceinte de la bibliothèque. En plus d’un amphithéâtre utilisable pour les conférences, il existerait également un espace entièrement consacré au cinéma avec de petits écrans et des casques à chaque table, mais aussi des salles privatives qui permettraient de visionner des films. La grande bibliothèque disposerait en outre d’une galerie d’exposition permanente et de salles pour les expositions temporaires. La première présenterait aux visiteurs la fabuleuse collection de manuscrits enluminés, de gravures, les manuscrits de Verlaine, le Livre d’Heures de Jean de Vy, les collections de reliures d’art, ainsi que des fac-similés des ouvrages messins dispersés à travers le monde. Il y aurait des écrans où les œuvres exposées seraient consultables.
Cette exposition permanente de fonds prestigieux deviendrait ainsi le premier argument pour convaincre les visiteurs de traverser la barrière que constitue la gare. L’Arsenal constituerait le second. En plus d’être un haut lieu de la musique, il disposerait d’un espace intégralement consacré à la photographie. Désormais, l’Arsenal serait l’image et le son.
Metz possède en effet un important fond photographique. Encore faut-il le réunir, car, à ce jour, il est éparpillé entre les musées, les bibliothèques-médiathèques et les archives. Les diverses initiatives d’exposition ont toujours été dispersées à travers la ville, si bien que le public ne s’y retrouve pas toujours. Autant dire, tout simplement, que le patrimoine photographique messin, pourtant très riche, connaît un sérieux déficit d’image. Il manque ainsi un lieu pour la photographie qui soit clairement identifié auprès des visiteurs et des habitants. Si la salle d’exposition actuelle de l’Arsenal propose une configuration adaptée aux expositions temporaires, elle devrait surtout se consacrer à l’accueil d’expositions de photographes professionnels. De même, pourquoi ne pas utiliser à cette fin les murs de Saint-Pierre-aux-Nonnain ? On s’est en effet toujours interrogé sur la fonction que pourrait occuper la plus vieille église de France.
Considérons à présent le rôle que pourrait jouer l’Hôtel Poncelet, rue aux Ours. Celui-ci pourrait être considéré comme une expérience de démocratisation artistique unique dans la Grande Région.
Réunissant tous les artistes en résidence des différents institutions messines, à savoir l’Arsenal, le FRAC ou encore Pompidou, ce lieu permettrait aux publics de découvrir l’artiste au travail et le geste artistique. Les artistes travailleraient dans les écoles, les centres sociaux ou encore les maisons de retraite. Cette ouverture vers la cité serait organisée par la « maison » elle-même. Dans le cadre d’un tel projet, la ville pourrait solliciter la participation de ses jumelages. Chaque année, Metz demanderait ainsi à l’une des villes partenaires de sélectionner le projet d’un artiste local. Ce dernier serait alors accueilli en résidence. L’Hôtel Poncelet abriterait par ailleurs la future Université Populaire de Metz. A l’instar de son inspiratrice à Caen, cette structure regrouperait ses conférences par thème sur le modèle d’une véritable université. Gratuite, elle ne demanderait aucune inscription aux auditeurs et ne délivrerait aucun diplôme. A terme, elle pourrait même prendre une dimension européenne en devenant bilingue franco-allemande et permettrait dès lors de donner toute l’ampleur nécessaire à une ambition de transmission et de vulgarisation clairement affichée. L’Hôtel Poncelet représente une solution idéale pour sa situation centrale et sa superficie, pour le symbole et pour la magnifique vue qui installerait d’emblée les artistes dans un écrin trois fois millénaire.
Intéressons nous maintenant à la nouvelle fonction de l’Opéra-théâtre.
L’intérieur est en effet dans un état déplorable. Ce joyau de l’architecture messine propose, d’entrée, le spectacle affligeant d’un vestibule lugubre et daté, d’un bar trop petit et inconfortable, d’un foyer défraîchi et d’une salle aux peintures écaillées, aux fauteuils déglingués et à l’accessibilité aux personnes handicapées très éloignée des normes en vigueur. Il offre de même aux spectateurs une mauvaise visibilité de la scène. Cela dit, ce dernier constat constitue un problème inhérent à l’architecture des théâtres à l’italienne. Mais il est ici renforcé par une densité et une disposition discutable des fauteuils. Une visibilité maximale est bien entendu souhaitable pour tous les spectacles. Ceci dit, elle est obligatoire pour les représentations théâtrales alors que le public des spectacles lyriques, habitué à la configuration de tels lieux, est plus sensible à une acoustique irréprochable qu’à une visibilité idéale. Il serait par conséquent judicieux de consacrer cette scène intégralement à la création et à la production de spectacles lyriques. Il reste de même à considérer la proximité avec l’Opéra National de Lorraine à Nancy. Ce dernier propose principalement des opéras. Dans un souci de cohérence territoriale en ce qui concerne l’offre des spectacles, il serait bon que l’Opéra-Théâtre de Metz poursuive et approfondisse la voix programmatique dans laquelle il s’est d’ores et déjà engagé, c’est-à-dire de privilégier l’opérette, l’opéra-bouffe, l’opéra-comique et le théâtre musical. Plus vieux théâtre encore en activité en France, l’Opéra-Théâtre de Metz est aussi l’une des rares structures de ce type à fabriquer elle-même costumes et décors. Au fil des années, ses savoir-faire scénographiques et chorégraphiques se sont notamment illustrés dans la création et la représentation de nombreuses opérettes, appréciées des Messins comme du public frontalier de la Grande Région. La création d’une galerie d’exposition où l’on verrait l’histoire du genre mais aussi des costumes, des éléments de décor, des croquis, ou encore des travaux plastiques commandés à des artistes portant sur les spectacles présentés s’avérerait ainsi particulièrement profitable et participerait au rayonnement de l’établissement.
De même, l’opérette devrait également intégrer la programmation estivale de «Metz en fête ». Compte-tenu de la période, il serait intéressant de proposer des représentations d’opérettes à l’extérieur, par exemple juste devant l’opéra dans le cadre monumental de la place de la Comédie. Cette proposition correspondrait à la volonté municipale d’animer les places de la ville, accentuerait l’effort de démocratisation exigeante des arts lyriques et préfigurerait l’organisation d’un évènement important autour de l’opérette. Ce dernier pourrait être un festival, véritable temps fort qui couronnerait toutes les initiatives évoquées plus haut. Ce festival interviendrait à la mi-janvier, période la plus creuse du calendrier culturel de la ville et montrerait les œuvres du théâtre musical dans leurs grandes diversités, des standards populaires aux créations contemporaines.
A terme, toutes ces propositions doivent souligner une identité forte et un dynamisme retrouvé pour l’Opéra-Théâtre de Metz. Leur concrétisation témoignera d’une démarche culturelle volontariste et installera la réputation nationale de Metz dans le paysage des arts lyriques. Réputation faite, Metz pourra alors impulser auprès du ministère français de la culture la création d’un Centre National de l’Opérette (ou Centre National du Théâtre Musical), aujourd’hui inexistant, qui consacrerait ainsi l’Opéra-Théâtre et son travail exemplaire. Il y a véritablement une opportunité à saisir ici.
Etudions à présent l’implantation de la Fondation Solange Bertrand à Metz.
Solange Bertrand est une grande figure de l’expressionnisme et du minimalisme. Elle a rencontré Matisse, son maître en peinture, connu Cocteau, fréquenté Picasso et marqué de son pinceau la place des femmes dans l’art du XXème siècle. Ses œuvres sont par ailleurs appréciées dans le monde entier. Créée en 2001 et reconnue d’utilité publique, la Fondation Solange Bertrand veille à la conservation, la restauration et la présentation au public des œuvres de cette artiste, dont elle est la dépositaire, c’est-à-dire 303 tableaux, 700 dessins, 7 sculptures de terre et 42 sculptures en bronze. Cet ensemble monumental est représentatif de 70 années de création de l’artiste. La mission centrale la Fondation est de mettre en valeur, de manière scientifique, afin de les rendre intelligibles au public, l’œuvre du peintre tout comme ses contextes socioculturels.
Depuis sa création, la Fondation est installée dans la maison natale de Solange Bertrand à Montigny-lès-Metz. Cependant, de son aveu même, l’organisme cherche un lieu d’exposition permanente digne de sa collection. Toujours selon la Fondation, ce lieu devra s’inscrire dans une politique cohérente d’aménagement du territoire dans le but de rayonner au mieux sur sa zone d’implantation. Et des lieux cherchant une nouvelle vocation, il y en a plein à Metz. En outre, les iniques et odieuses restructurations militaires vont libérer des bâtiments supplémentaires et, à l’image de la Porte des Allemands ou du grenier des Antonins, un certain nombre d’espaces du centre historique n’ont pas encore trouvé d’attribution définie. Dès lors, il conviendrait de réhabiliter un bâtiment déjà existant pour accueillir la Fondation.
Nous allons nous attacher dans ce qui suit à la revalorisation des Musées de la Cour d’Or.
Aujourd’hui, les Musées de la Cour d’Or forment un ensemble polyvalent dont les bâtiments s’articulent autour de deux éléments remarquables du patrimoine messin, à savoir les thermes gallo-romains et le grenier de Chèvremont. Ils comptent trois départements : le musée archéologique, qui recouvre l’Antiquité et le Haut Moyen-âge jusqu’à l’an mil ; le musée d’architecture, articulé autour du grenier de Chèvremont, dont le seul rez-de-chaussée est utilisé ; enfin, le musée des Beaux-arts, rassemblant des productions allant du XVIème au XXème siècle, d’où ressortent, à côté de quelques artistes de premier plan, tels que François de Nomé et Jean-Baptiste Le Prince, la salle de l’Ecole de Metz, réclamée depuis 1993 et seulement ouverte en 2008, ainsi que des peintres abstraits du XXème siècle comme Alechinsky, Bazaine, Villon et Dubuffet.
L’ensemble de ces trois grands départements est complété par une très belle collection d’armes et d’uniformes du Premier Empire entre autres, ainsi que par la collection Job, insuffisamment valorisée, mais partiellement mise en lumière en 2007 grâce à une exposition temporaire. La Cour d’Or possède également une magnifique collection d’histoire naturelle, à l’origine du musée de Metz en 1817 et revivifiée par une exposition lors de la Nuit des musées en 2005 et plus récemment lors de la dernière Nuit Blanche. Les réserves des musées sont par ailleurs très riches et bien trop méconnues. Des collections comme les œuvres de la protohistoire ou les objets d’art et de traditions populaires mériteraient ainsi d’être présentées au public au lieu de dormir dans des cartons et des placards.
Il en résulte une nécessité d’adapter, dans le cadre d’un projet global de grand musée et de divers aménagements urgents, les locaux, l’accueil et la muséographie dont les 30 ans d’âge ne sont absolument plus conformes au rayonnement que mérite, notamment par ses musées, la métropole messine. Quant aux bâtiments, ils n’offrent guère les facilités et les agréments attendus d’un musée moderne. Les locaux sont trop exigus pour permettre une présentation permanente de trésors qui, faute de place, restent inconnus du public, au grand dam des conservateurs eux-mêmes. La Cour d’Or manque également cruellement d’un auditorium, d’une librairie et d’un espace de détente dignes de ce nom. Donner une conférence qui draine un public tient en effet de la prouesse technique ou de la nécessité de recourir à une salle d’exposition … à condition qu’il y en ait justement une ! Les bâtiments des Musées de la Cour d’Or ne sont donc absolument pas au niveau de ce peuvent légitimement attendre les visiteurs du Centre Pompidou.
De plus, à l’intérieur même de l’espace de la Cour d’Or, l’utilisation des étages du grenier Chèvremont paraît tout aussi évidente qu’indispensable et constitue une première réponse à l’extension demandée. Mais il faut aller plus loin. L’intégration de l’ensemble des Trinitaires à la Cour d’Or s’impose. Pour cela, juste quelques murs doivent être abattus. D’une part, ceux de pierre qui séparent la Cour d’Or du cloître des Trinitaires. D’autre part, ceux plus politiques qui font que les deux établissements relèvent encore de deux compétences différentes, à savoir celle de Metz Métropole pour la Cour d’Or et celle de la municipalité pour les Trinitaires. Ainsi, avec les bâtiments actuels des musées utilisés dans leur intégralité, ceux de l’église des Trinitaires et ceux du cloître des Trinitaires, nous serions en présence d’un vaste ensemble qui permettrait la réalisation du programme décrit précédemment. Les Trinitaires perdraient leur vocation musicale d’aujourd’hui, reprise et désormais incarnée par la salle des musiques actuelles. L’ensemble de cette réhabilitation serait confiée à un architecte spécialiste du genre, comme Tadao Ando par exemple.
Enfin, terminons notre étude par le Conservatoire Municipal de Metz.
La situation est ainsi particulièrement inquiétante pour l’équipement de la structure de formation des publics et des futurs professionnels qu’est le Conservatoire Municipal, devenu entre-temps Conservatoire à Rayonnement Régional. Depuis son déménagement de l’Hôtel Saint-Livier pour l’ancien Bon-Pasteur sommairement aménagé, il vit à l’étroit dans des locaux là-aussi inadaptés en termes d’accessibilité, d’insonorisation et d’équipements annexes. Les arts dramatiques et les danses sont par ailleurs ses enfants pauvres. Des incidents récents ont clairement mis en évidence des conditions de sécurité et d’accès insuffisantes. Lieu d’excellence ne disposant pas actuellement d’un équipement à sa mesure, il gagnerait en notoriété dans un projet regroupant les nécessités pratiques du théâtre, de la musique et de la danse, parallèlement à des locaux adaptés qui permettraient le contact entre les pratiques culturelles et le public.
Il convient désormais de mener à bien le programme décrit dans ce rapport afin de pouvoir élever Metz au rang de prochaine Capitale Européenne de la Culture.
(Source : Commission Stratégies Culturelles – CES Metz pilotée par M. Gabriel Schwabe)
bloggerslorrainsengages
24 janvier, 2011 à 23:18
Le nouveau projet muséographique des Musées de la Cour d’Or à Metz permettra d’ici 2014 d’offrir aux visiteurs un confort de découverte optimal. L’entrée se fera alors par l’ancienne chapelle des Petits-Carmes qui sera rénovée. Le grenier de Chèvremont sera entièrement réhabilité, tandis qu’une nouvelle bibliothèque sera construite, ainsi qu’un espace de restauration et de détente pour les visiteurs.