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Histoire de Sœur Hélène à Metz

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Les anciens doivent encore se souvenir de l’historique procession du 15 août à Metz. On raconte qu’en 1918, des personnes pieuses, craignant que les troupes allemandes qui sentaient la défaite approchée se cramponnent aux fortifications de Metz et transforment la ville en un second Verdun, demandèrent à Mgr Benzler de faire le vœu d’y ériger une statue de la Vierge si la cité lorraine était épargnée. Et ce fut bien heureusement le cas. C’est pourquoi une statue d’une hauteur de 1,90 mètre, sculptée par Jacques Martin, posée sur une colonne d’ordre ionique en pierre de Jaumont mesurant huit mètres, fut inaugurée le 15 août 1924, afin de tenir la promesse faite. Mais une autre histoire est liée à cette statue. C’est celle de Sœur Hélène … 

Place_Saint_Jacques_Metz

La statue de la Vierge Place Saint-Jaques à Metz (Crédits photo : Alice Volkvardsen)

Nous sommes le 15 août 1940. La ville est une nouvelle fois sous occupation allemande. Des Messins se sont rassemblés en nombre Place Saint-Jacques, près de la statue mariale. Une immense Croix de Lorraine ornée de fleurs est attachée à la colonne. Sur ce ruban on peut lire la fameuse devise de notre belle province : « Qui s’y frotte s’y pique ». De nombreux SS sont également là, afin d’encercler la foule, quand soudain la voix de Sœur Hélène s’élève appelant la patrie, exaltant la prière et l’espoir, narguant les Allemands. Les gens reprennent alors son refrain avec enthousiasme.

Née en 1891 à Amiens, Hélène Studler est venue après l’armistice à l’hospice Saint-Nicolas de Metz. A la veille de la guerre, elle est déjà très populaire à Metz. Pendant les combats, en juin 1940, elle apporte soins, nourriture et réconfort aux prisonniers français cachés à Metz. Puis dès juillet de la même année, elle met en place une des plus importantes filières de passage d’évadés et de réfractaires lorrains. Son réseau est bien structuré et organisé. Plusieurs de ses collaboratrices dévouées sont chargées de réceptionner « des colis »  à divers endroits, généralement des églises, et de les accompagner jusqu’à la gare. Un jour, l’une d’entre elles réceptionne deux « colis » un peu particuliers à l’église Saint-Martin. L’un d’entre eux était François Mitterrand. Blessé par un éclat d’obus, il avait été fait prisonnier en Allemagne en juin 1940 et s’était évadé. Arrivé à Metz, le réseau de Sœur Hélène le fait passer en zone libre Le jeune homme de 24 ans rejoint alors l’administration de Vichy.

Le 2 février 1941, la Gestapo fait une descente à l’hospice. Sœur Hélène et les prisonniers qui s’y trouvaient sont  tous arrêtés. Bien que soumise à un interrogatoire musclé, Sœur Hélène ne livre personne. Son réseau peut alors continuer à fonctionner. Elle est condamnée à un an de prison, mais sa peine est suspendue en raison de son état de santé. En 1942, suite à de nouvelles menaces, elle utilise sa propre filière et se réfugie à Lyon, d’où elle organise l’évasion du général Giraud. Elle décède en novembre 1944 à Clermont-Ferrand. Le 17 juin 1946, son corps est ramené en grande pompe à Metz, où plus de 100 000 personnes viennent  pendant deux jours s’incliner sur sa dépouille. 

A noter enfin que la statue de Notre-Dame des prisonniers, que l’on peut observer dans la niche de l’ancien hospice Saint-Nicolas à Metz représente Sœur Hélène. Un peu plus loin, face à la place Saint-Thiébault, un petit square a été baptisé à son nom. La municipalité actuelle de Metz envisage de mettre une plaque commémorative au pied de la statue mariale place Saint-Jacques, afin d’honorer cette héroïne de guerre qui a permis le transfert de plus de 2 000 personnes. 

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Un commentaire

  1. Groupe BLE Lorraine

    26 décembre, 2016 à 15:45

    En 1918, des catholiques messins craignaient que les troupes allemandes se vengent sur la ville lors de leur débâcle. Ils prièrent alors Monseigneur Benzler, évêque de Metz, de faire le vœu d’élever une statue à la Sainte Vierge si la cité était épargnée par les combats. Le vœu fut exaucé et la colonne rehaussée de la statue de la Vierge, œuvres du sculpteur Jacques Martin et de l’architecte Hermann Eduard Heppe, fut érigée en 1924 Place Saint-Jacques.

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