Le Versailles lorrain, qui a connu un incendie ravageur en 2003, est devenu depuis et pour au moins dix ans le plus grand chantier patrimonial d’Europe. Les archéologues de l’Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (INRAP) profitent des travaux menés en ce moment dans le sous-sol du château pour mieux connaître son histoire. L’installation de gaines de chauffage a ainsi ouvert des perspectives sur les XVIIème et XVIIIème siècles. Avant le château construit par le duc Henri II en 1612, connu par un plan de 1690, un château médiéval avait été édifié. Le bâtiment actuel repose sur les fondations du château du XVIIème siècle. De même, les fouilles sous la chapelle ont révélé un état antérieur de celle-ci. Des canalisations ont également été mises au jour dans une autre salle en sous-sol, l’une maçonnée, l’autre en bois. Si les fouilles se sont achevées fin novembre, elles reprendront au cours de l’année 2010, aux abords de la chapelle.
La cour du Château de Lunéville en chantier (Crédits photo : Wikipédia)
En attendant, le conseil général de la Meurthe-et-Moselle progresse sur l’occupation future de ce bijou classique, avec notamment un parcours muséographique en rez-de-chaussée et au premier étage pour évoquer la vie de cour à Lunéville. Les concepteurs du projet veulent suggérer la richesse de l’époque par l’intermédiaire de prêts de mobilier et le remontage à l’identique d’un salon du XVIIIème siècle, tout en laissant un espace de prestige pour la tenue de réunion. Le parcours déboucherait sur une réflexion à propos du courant philosophique des Lumières en présentant des penseurs venus fréquenter la cour de Lorraine sous Stanislas, à l’image d’Emilie du Châtelet et de Voltaire. Les jardins, où sera également menée une restauration, constitueront un autre espace de réflexion. Finalement, seule la fameuse cour des Rochers restera muette, dans la mesure où il n’existe pas suffisamment d’éléments pour reconstituer les merveilleux automates qui l’ornaient. La chapelle servira d’écrin pour des concerts et des spectacles, en particulier pour le développement de la musique baroque et de la voix. Il faut dire que la cour de Lorraine avait aussi ses compositeurs et ses influences. Enfin, l’aile opposée du château devrait abriter un institut d’étude culturelle européenne, dans le but d’initier et de diffuser auprès d’un vaste public une réflexion commune sur l’histoire culturelle européenne. L’originalité serait de mêler la recherche pure et l’action culturelle elle-même, avec des spectacles ouverts au plus grand nombre.
(Source : presse régionale)