Alors que le phénomène transfrontalier a dernièrement fait l’objet d’un colloque important à Metz, l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE) a pu pour la première fois mettre la main sur le fichier de l’Inspection Générale de la Sécurité Sociale (IGSS) du Luxembourg. Auparavant les statisticiens lorrains ne disposaient que de données mensuelles et très fragmentaires sur l’ampleur exacte de la présence lorraine sur le marché du travail luxembourgeois. Avec ce fichier, ils ont ainsi pu mettre en évidence toute l’envergure du phénomène transfrontalier et la situation exceptionnelle de la Lorraine, en suivant les parcours des travailleurs lorrains au Grand-duché sur la durée. Leur étude modifie profondément la perception du phénomène et va à l’encontre de certaines idées reçues. Ainsi, sur n’importe quel mois de l’année 2006, on retrouve le même nombre de travailleurs frontaliers lorrains, soit 61 500. Mais, si on prend l’ensemble de cette même année, on constate qu’en réalité 85 000 Lorrains ont travaillé au Luxembourg à un moment ou à un autre et pour une période plus ou moins longue. Si maintenant, on étend l’observation à la période 2001-2006, ce sont 142 000 personnes différentes qui y ont travaillées. On extrapolant un peu, on peut en déduire raisonnablement que près de 200 000 Lorrains ont travaillé au Luxembourg au cours des cinq dernières années. Il convient néanmoins de distinguer deux types de frontaliers, d’un part ceux y travaillant durablement, d’autre part ceux dont l’emploi ne fut que temporaire, d’où l’importance des rotations de la main d’œuvre lorraine au Grand-duché. Par son ampleur, l’exemple lorrain est unique en France.
(Source : presse régionale)