Accueil Actualité Saint-Nicolas, patron de la Lorraine

Saint-Nicolas, patron de la Lorraine

1
0
2,214

Alors que les festivités autour du 6 décembre se rapprochent à grands pas, il est temps pour nous de vous présenter l’origine du culte de Saint-Nicolas en Lorraine. En effet, le samedi 5 décembre, comme chaque année, se déroulera à Saint-Nicolas-de-Port, au Sud-Est de Nancy, la 764ème procession aux flambeaux en l’honneur du Saint patron de la Lorraine. Plus de 3 000 fidèles et autres pèlerins sont attendus. 

Saint-Nicolas statue

Statue de Saint-Nicolas en la basilique de Saint-Nicolas-de-Port (Crédits photo : Groupe BLE Lorraine)

La magnifique basilique de Saint-Nicolas-de-Port constitue le sanctuaire par excellence de l’évêque de Myre. Cette dernière sera d’ailleurs pour la première fois entièrement illuminée cette année, dès 18 heures, après une grande campagne de souscription destinée à financer sa mise en lumière. Il faut dire que ce somptueux édifice est au cœur de toute la ferveur et la dévotion des Lorrains pour un saint né à l’autre bout de l’ancien Empire Romain. La basilique actuelle, couronnée de deux tours à bulbe de plus de 80 m de haut, est pur un joyau du gothique flamboyant. La nef, dont la voûte s’élève à 30 mètres, qui est d’ailleurs soutenue par les seconds plus hauts piliers de France, est baignée par un éclairage exceptionnel grâce aux larges baies vitrées. Le sanctuaire a été construit par le Duc de Lorraine René II. En effet, en 1477, avant de livrer une bataille décisive face à Charles le Téméraire, le Duc assista à la messe à Port et plaça son armée sous la protection de Saint Nicolas. Après sa victoire, René II décida que l’évêque de Myre serait désormais le patron de la Lorraine. Pour lui rendre grâce, il fit élever cette nouvelle basilique, qui domine depuis tout le pays. L’espace intérieur est conçu pour accueillir la foule des pèlerins. A l’entrée de la basilique, une magnifique statue de Saint Nicolas orne la partie centrale du portail. A l’intérieur, dans la chapelle du saint située du côté droit, une fiole est placée sur la balustrade. Le tombeau de Saint-Nicolas à Myre devint en effet très vite un lieu de dévotion. De ses membres suinte une huile, la manne, qui guérit les malades. Cela dit, il est bien difficile de distinguer l’histoire de la légende dans la vie de l’évêque.

Nicolas est né vers 270 après Jésus-Christ à Patare, en Asie Mineure, au moment où le christianisme se développe. A cette époque, les adeptes de cette « nouvelle religion » sont toujours persécutés. Fils d’une riche famille de marchands chrétiens, orphelin à 20 ans, il décida de donner sa fortune pour secourir les pauvres et les opprimés. Il sauva ainsi trois jeunes filles, qu’un père ruiné voulait prostituer. Vers 30 ans, il s’installa à Myre, où il fut alors nommé évêque. Il joua un rôle actif dans la lutte contre l’hérésie arianiste au cours du concile de Nicée, réunit par l’Empereur Constantin converti au christianisme. Il sauva également la vie à trois officiers injustement condamnés à mort. En pleine tempête, il apparut miraculeusement à la barre d’un bateau pour le guider vers Myre. Selon la tradition, Saint Nicolas est mort le 6 décembre 334.

C’est pour cette raison qu’un bateau rappelle que Saint-Nicolas est aussi le protecteur des navigateurs. Cette pièce fait partie des très beaux objets que l’on peut admirer dans le trésor de la basilique, à gauche de la chapelle mentionnée ci-dessus. S’y trouve également un reliquaire central en forme de bras. Selon la tradition, vers 1090-1100, un chevalier lorrain, Aubert de Varangéville, s’arrêta à Bari en revenant de croisade et emporta avec lui une phalange d’un doigt de la « dextre bénissant » de Saint Nicolas. Il déposa cette relique à Port. L’église, qui fut alors construite pour l’abriter devînt rapidement un haut lieu de pèlerinage et donna naissance à Saint-Nicolas-de-Port. Le reliquaire contient également des chaînes évoquant le miracle du sire de Réchicourt, localité du Pays de Sarrebourg. Cette histoire se déroule un siècle et demi après le dépôt de la phalange de Saint Nicolas à Port. Ce seigneur lorrain fut capturé par les Infidèles, au retour de croisade. Le 5 décembre 1244, son gardien vînt lui annoncer sa mise à mort pour le lendemain. Le captif invoqua alors Saint Nicolas et promit de faire pèlerinage à Port s’il était sauvé. A son réveil, il se retrouva libéré de ses chaînes … devant la porte de l’église de Port. Pour commémorer ce miracle, le sire instaura une procession qui se déroule depuis, chaque année, dans la soirée du 5 décembre. Le bras-reliquaire, très bel objet d’orfèvrerie, qui date du XIXème siècle, a remplacé l’original offert par le duc René II vers 1500. Lors de la procession, l’objet vient en tête du cortège, à côté d’une petite statue de Saint Nicolas portée sur un brancard. Une fois la procession au flambeau terminée, les pèlerins qui le désirent peuvent recevoir l’onction de la sainte manne, liquide qui suinte des ossements du saint conservés à Bari. Ainsi, chaque année, une petite fiole provenant de cette ville et contenant quelques gouttes mélangées avec de l’eau bénite est amenée en Lorraine pour la cérémonie. 

Le visiteur attentif pourra en outre remarqué près de la porte du trésor, 14 tableaux du XVIème siècle qui racontent la vie de Saint Nicolas. Il faut savoir que les pèlerinages, déjà bien implantés à Port au XIIème siècle, connurent un succès grandissant après le miracle du sire de Réchicourt. L’affluence augmenta encore après la victoire du Duc René II sur Charles le Téméraire en 1477 et suite à la construction de la nouvelle basilique pour commémorer la victoire des Lorrains. Au XVIème siècle, si la foule des pèlerins était permanente, les deux moments forts de l’année étaient la Saint-Nicolas d’été, le 9 mai, qui commémore l’arrivée de la relique venue de Bari et la nuit du 5 au 6 décembre, date présumée de la mort de l’évêque de Myre. L’incendie de la basilique en 1637 marqua un coup d’arrêt brutal aux pèlerinages, de même que la révolution française. A cette période, le cylindre de plomb renfermant la relique fut heureusement caché par les paroissiens. Cela dit, le pèlerinage connut un nouvel essor à partir du XIXème siècle. Depuis les années 1970, Saint-Nicolas-de-Port bénéficie du regain d’intérêt pour les patrimoines de Lorraine. De quoi faire vivre les traditions et l’identité lorraine, à jamais. 

Enfin, pour terminer notre exposé, de nombreuses manifestations auront lieu un peu partout en Lorraine, notamment dès le 5 décembre au centre-ville de Nancy, avec des animations proposées par des artistes, des comédiens et des musiciens pour une ambiance des plus festives. 34 chars et des dizaines de fanfares participeront en effet au traditionnel défilé de la Saint Nicolas de la cité ducale, qui a plus d’un siècle. Le tout pour plus de 3 heures de déambulation dans les rues de la ville, en compagnie du boucher, du Père Fouettard et de Saint Nicolas. A ceci, se déroulera parallèlement l’inauguration de l’orgue du chœur de la basilique Saint-Epvre, non loin de la place Stanislas. L’instrument sera alors illuminé et présenté au public. Un grand spectacle pyrotechnique de 30 minutes sera de même donné à 19h30 sur la place Stanislas. Ce dernier devrait couvrir d’émerveillement et de magie les milliers d’yeux écarquillés et embraser le cœur de la cité ducale. Les festivités se poursuivront à Saint-Nicolas-de-Port avec l’illumination de la basilique qui deviendra le phare blanc lorrain pour l’éternité. Une explosion de lumière. Un moment magique rythmé par la procession au flambeau ancestrale.   

Comme à Nancy, Metz fêtera le Saint patron de la Lorraine avec le traditionnel défilé qui portera cette année sur le thème des jeux et des jouets. Un cortège de neuf chars déambulera dans les rues aux sons des fanfares et de la musique militaire de la « région Terre Nord-Est ». Le cortège sera accompagné d’échassiers et … du Père Fouettard, le tout devant des milliers de spectateurs en attente de délicieuses friandises distribuées par le Saint patron. Les fêtes de la Saint Nicolas prendront donc une ampleur particulière cette année à Metz avec l’installation d’un carillon géant place Jean Paul II, à deux pas de la magnifique cathédrale Saint-Etienne. Ce dernier entamera alors à plusieurs reprises au cours de l’après-midi les musiques traditionnelles de ces fêtes de fin d’année. La place d’Armes s’embrasera ensuite de mille feux, après que Saint Nicolas ait fait sa dernière apparition au balcon de l’Hôtel de ville et déclenche le feu d’artifice d’un coup de sa crosse magique. Du chocolat chaud sera pendant ce temps offert à tous les spectateurs par la mairie de Metz. 

Plus d’infos sur BLE Lorraine TV.

(Source : presse régionale)

Charger d'autres articles liés
Charger d'autres écrits par Groupe BLE Lorraine
Charger d'autres écrits dans Actualité

Un commentaire

  1. blogerslorrainsengages

    5 décembre, 2009 à 19:51

Laisser un commentaire

Consulter aussi

Renaissance d’un quartier

Blottis entre la Seille et la colline de Bellecroix, les bâtiments militaires désaffectés …