Deux communes lorraines, à savoir Raon-sur-Plaine dans les Vosges et Raon-lès-Leau en Meurthe-et-Moselle, ont décidé de se lancer dans une « guerre contre l’Alsace » en annonçant leur intention de saisir le tribunal administratif, afin de récupérer près de 2 000 hectares de forêts annexés par l’Allemagne en 1870 et jamais rendus en dépit du Traité de Versailles de 1919. 138 ans après, le combat continue. Plus que jamais !
La parcelle en question appartient en effet désormais à la commune de Grandfontaine, dans le Bas-Rhin, annexée par l’Allemagne entre 1870 et 1918. Selon les deux maires lorrains, le « Traité de Versailles aurait officiellement oublié leurs communes. Mais officieusement, il y aurait eu des négociations avec les élus alsaciens dans le but que ces derniers conservent la parcelle de forêt ». Depuis près d’un siècle, ils se battent sans relâche afin de récupérer ces 2 000 hectares de forêts. Car dans un secteur où le textile a fait naufrage et les industries se font rares, le bois vaut de l’or. Le premier magistrat de Raon-sur-Plaine affirme de même que la France les a « laissés tomber ». En effet, la localité a perdu dans cette histoire deux tiers de son territoire en 1870. Une spoliation de 800 hectares. Même remarque du côté de Raon-lès-Leau, village qui a été amputé de 1 132 hectares de forêt, ce qui représente un manque à gagner de 70 000 euros par an de taxe foncière.
Rappelons quelques faits pour mieux comprendre la situation. Après la guerre de 1870, la Prusse victorieuse a redécoupé la carte de l’Alsace et de la Lorraine. Ces deux communes se sont ainsi vues annexer par le Traité de Francfort. Mais les maires d’aujourd’hui affirment que leurs ancêtres étaient des « durs à cuire ». Ici, c’était un pays de bûcherons où les gens n’avaient absolument pas l’intention de devenir Prussiens. Alors que les soldats du Reich avaient pris leurs forêts et leurs scieries, les habitants ont creusé, la nuit, des tranchées au milieu de la seule route qui permettait le transport du bois. Après sept mois de cette guerre d’usure avec les Prussiens, les deux villages obtinrent gain de cause. Ainsi, le 2 juin 1871, le général Von Moltke fit quelques concessions. Il conserva néanmoins l’essentiel, conformément aux instructions de Bismarck. Les forêts plantées de sapins noirs restèrent donc aux mains des Prussiens. Mais cette décision ne fut pas modifiée quelques années plus tard après la Première Guerre Mondiale. Le Traité de Versailles n’accorda aucune importance à ces 2 000 hectares de forêts giboyeuses. Ces parcelles furent conservées par la commune de Grandfontaine. Après avoir disposé de ces deux communes lorraines, Paris les a donc tout simplement ignorées et oubliées.
Les maires ont écrit aux préfets, aux présidents Mitterrand, Chirac et Sarkozy quand il était ministre de l’intérieur, en vain. Bien que leur demande soit tout à fait légitime, la réponse fut toujours la même. Il serait en effet trop complexe de modifier les frontières de trois départements et de deux provinces. Mais dans les villages lorrains cette décision ne passe pas, mais alors absolument pas. « Les gens en parlent, le sujet revient toujours sur le tapis, ils ne peuvent pas l’accepter ». Afin d’obtenir gain de cause, les maires devraient dans les prochains jours demander une nouvelle enquête préalable au préfet puis saisir le tribunal administratif. Au sentiment d’injustice né de la spoliation, s’ajoute celui de ne pas être entendus. Un avocat a par ailleurs accepté de prendre en charge leur cause, sans demander la moindre somme aux deux communes désargentées. Ce dernier va donc attaquer, devant le tribunal administratif, l’Etat français. Les communes réclament la restitution des terrains qu’on leur a confisqué, ou à défaut, une indemnité compensatoire. Le Groupe BLE Lorraine les soutient dans leurs démarches et leurs actions, afin de réparer le préjudice fait à la Lorraine.
blogerslorrainsengages
28 novembre, 2009 à 11:45
Bonjour,
Voici un site pour illustrer l’article : http://badonpierre.free.fr/2raon.html.
Bien à vous,
Les BLE.