Même si le phénomène n’est pas homogène et que l’on observe de fortes disparités entre les zones géographiques, une tendance générale parvient tout de même à émerger. C’est celle du renouveau de nos campagnes, dont la plupart connaissent un accroissement démographique. C’est par exemple le cas de Francaltroff, paisible mais dynamique commune du Saulnois, qui a vu son nombre d’habitants passer de 500 à 749 et celui de ses artisans de 5 à 25 en l’espace de 15 ans. 90 appartements y ont de même été rénovés et un troisième lotissement de 50 maisons est en cours de finalisation. Une réussite incontestée et incontestable, alors que la commune était il n’y a pas si longtemps que cela … en faillite. Tout cela n’est pas du au hasard, mais est venu au contraire récompenser les efforts d’une nouvelle gestion intelligente et parfaitement maîtrisée. Si bien qu’aujourd’hui, Francaltroff s’est doté d’une multitude d’équipements : salle des fêtes flambant neuve, nouvelle station d’épuration, 2 garages, une boucherie-charcuterie, un coiffeur, une crèche intercommunale, une école avec 180 enfants, une zone artisanale, 2 city stades, une mairie digne d’une ville de 10 000 habitants, un complexe sportif refait à neuf, 2 supérettes et une maison médicale occupée par un médecin généraliste, un dentiste, un kinésithérapeute, une pédicure et deux infirmières. Rien que cela ! Un constat tout simplement époustouflant. En outre, à Francaltroff, l’épicerie fait également office de tabac, de presse, de boulangerie, de fleuriste, de toilettage canin et de relais pour la Française des Jeux. Un investisseur privé a même installé une salle de musculation avec sauna et hammam. Une usine de transformation de sanglier devrait de plus bientôt ouvrir sur le banc communal. Alors que la marie travaille actuellement sur la mise en place du périscolaire, il ne manquerait plus qu’une chose dans le village, un distributaire bancaire ! Enfin, les 5 PME installées dans l’hôtel d’entreprises ne font que refléter le dynamisme local. Outre sa gestion habile, comment cette commune rurale située à 30 km de l’autoroute a t-elle pu à ce point réussir ? Elle a tout simplement exploité tout son potentiel. Loin de tout, mais de rien surtout, le village est à la fois proche du Bassin Houiller, de l’Alsace Bossue, de Saint-Avold, de Morhange, de Sarreguemines et de Dieuze. Il se trouve directement sur la départementale 22, un axe fréquenté quotidiennement par 5 000 voitures. Francaltroff, un formidable exemple parmi d’autres pour le reste de la Lorraine.
Comme nous l’avons abordé au début de cet exposé, l’exemple de cette commune du Saulnois s’inscrit dans un contexte général de repeuplement des zones rurales. Depuis quelques années déjà, on assiste en effet à la fin de l’exode rural. Alors qu’en 1860, 80 % de la population vivait à la campagne, le mouvement d’exode rural s’est opéré de manière ininterrompu jusqu’à la fin du XXème siècle. Désormais, c’est à la campagne que l’on observe les plus forts taux de croissance démographique. Une nouvelle population vient ainsi s’y installer, d’ailleurs plus y habiter que y produire ou y travailler. Il s’agit principalement de classes moyennes pour qui l’accession à la propriété est plus facile, mais aussi de cadres supérieurs à la recherche d’un cadre de vie agréable et d’espace. La fonction résidentielle devient alors prépondérante. Mais ce phénomène de repeuplement ne va pas sans poser de problèmes. Il existe ainsi un vrai conflit d’usage entre les populations d’origine, souvent agricoles, qui regardent la campagne comme un lieu de production et ces nouvelles populations résidentielles, qui n’ont pas la même conception de l’environnement et du cadre de vie et qui sont toujours en attente croissante d’équipements et de communications de pointe, qu’elles soient routières ou technologiques. Une autre difficulté réside dans la dispersion extraordinaire des modes de vie. Les gens travaillent à un endroit, habitent à un autre, consomment dans un troisième, scolarisent leurs enfants dans un quatrième. Cet étalement des communes est extrêmement consommateur de kilomètres et d’énergie, donc de pollution et de nuisances. C’est pourquoi les urbanistes reparlent actuellement de densification des villes. Les dépenses d’organisation de la vie quotidienne deviennent enfin supérieures au surcoût que représenterait l’habitat en ville. On assiste donc à des phénomènes de surendettement et à de nouveaux modes de déplacements.