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Sarkozy en Moselle : un retour mais rien de neuf ?

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Le président français est finalement revenu le 8 octobre, à la surprise générale, une semaine après son dernier déplacement en Moselle, où il avait soigneusement évité de se rendre à Gandrange, suscitant la colère justifiée des salariés du site sidérurgique. Cette fois-ci, son chemin est passé par Gandrange et par Metz, plus de 20 mois après ses fameuses promesses manquées faites aux ouvriers lorrains. Alors que les syndicats estiment toujours ne pas avoir été entendus et que les engagements sur la revitalisation du site n’ont pas été respectés, dans la mesure où l’aciérie de Gandrange a bel et bien été fermée et que 20 ouvriers étaient encore en attente de reclassement, Nicolas Sarkozy a profité de sa venue pour annoncer la signature d’un contrat de 300 millions d’euros entre Réseau Ferré de France (RFF) et le sidérurgiste anglo-néerlandais Corus, pour la construction de rails de très grande longueur destinés au TGV, à Hayange. Un investissement de 35 millions d’euros sera réalisé sur ce site mosellan, afin de moderniser les installations dans l’optique de ce contrat et de pérenniser l’activité de la société. Par ailleurs, 5 millions d’euros seront investis dans un centre d’apprentissage qui devrait être installé à Gandrange. 120 apprentis y seront formés aux métiers de la métallurgie. Toujours à Gandrange, le groupe ArcelorMittal devrait injecter 4,5 millions d’euros dans le train à billettes. Pour ce qui est du projet Ulcos à Florange, qui concerne l’expérimentation de l’enfouissement du CO2 en provenance des laminoirs, Nicolas Sarkozy a déclaré que l’étude de faisabilité était à présent achevée. Cela dit, la question de l’installation de ce site de captage et de stockage du CO2 en Moselle n’est toujours pas réglée. Le président français a de même ajouté que le projet de centrale porté par la société Powéo, un temps envisagé dans les environs de Gandrange, est aujourd’hui définitivement abandonné en raison de la crise économique qui touche aussi l’énergéticien. Toutefois, ArcelorMittal devrait également investir 16 millions d’euros à Yutz dans la fabrication de poutrelles et de panneaux pare-feu, ainsi que dans la création d’un atelier de coupe et de cintrage. Au total, cette décision devrait créer 99 emplois à l’horizon 2010. Nicolas Sarkozy a en outre indiqué qu’il allait rencontrer d’ici peu Lakshmi Mittal, le PDG d’ArcelorMittal sur ces différents dossiers. Enfin, le chef d’Etat français a annoncé la venue à Metz d’un régiment supplémentaire actuellement basé en Allemagne.       

Après vous avoir présenté les différentes mesures annoncées par Nicolas Sarkozy lors de sa visite à Gandrange et à Metz, analysons à présent plus en détail leur contenu et leur portée. 

Tout d’abord, si le président français a expliqué être revenu en Moselle après avoir « mesuré lors de sa dernière visite l’ampleur de la déception », il est néanmoins bien difficile de ne pas y voir, comme l’ont déclaré certains, une « astuce politique », afin de faire oublier les ennuis de la majorité présidentielle à la veille des élections régionales, suite aux promesses non-tenues de Gandrange le 8 février 2008 et d’effacer quelque peu l’arrière goût négatif laissé après son déplacement organisé à Hambach et à Woippy. Car Nicolas Sarkosy sait pertinemment qu’il devait réparer une énorme bourde médiatique sur le délicat dossier de l’aciérie de Gandrange. Néanmoins, en toute honnêteté intellectuelle, nous estimons que le président français a eu au moins le mérite, une fois n’est pas coutume, de reconnaître son erreur d’avoir évité Gandrange et Metz lors de son précédent déplacement. Mais il convient de bien avoir à l’esprit certaines choses et de ne pas en oublier d’autres. Ainsi, les déclarations faites par Nicolas Sarkozy ne font que confirmer des engagements qui avaient déjà été annoncés dans le cadre d’un plan de revitalisation signé l’an dernier par son secrétaire d’Etat chargé de l’industrie, Luc Chatel. C’est juste la ventilation des crédits qui est différente. Ce qui signifie en soi, qu’il n’y a rien de nouveau ! Pire, les Lorrains attendent toujours de voir les premiers investissements se réaliser ! Seul le contrat avec Corus Rail pourrait paraître être un scoop, bien que ce dernier fût pressenti depuis plusieurs semaines et qu’il devait être imminent. Autrement dit, même si cette annonce constitue bien évidemment une bonne nouvelle, le président français aurait saisi l’opportunité de cette décision pour revenir et rectifier le tir avec la Lorraine. Enfin, gardons en tête qu’au moment où le magnat de l’acier indien, Lakshmi Mittal annonçait le 4 février 2008 la suppression de 575 des 1 108 emplois du site de Gandrange, il avait promis de s’engager « en contrepartie » sur la réfection des hauts fourneaux. Or, sur ce dossier, comme pour d’autres, nous n’avons à l’heure actuelle strictement aucune garantie. Les sous-traitants ont de même payé le plus lourd bilan dans cette affaire, avec près de 2 000 emplois remis en question. Or, aucune aide n’a été annoncée pour eux. 

En conclusion, les BLE voient tout de même dans cette nouvelle visite une petite victoire pour la Lorraine, mais sans plus. En effet, ce qui est pris, est pris, même si beaucoup reste encore à prendre. Car en attendant, aucun engagement ni même aucune mesure n’ont été décidés pour un autre bassin d’emploi mosellan en proie actuellement à de terribles difficultés. Nous terminerons donc cet exposé par une simple question : quid de la plateforme pétrochilique de Carling-Saint-Avold et de ses salariés ? 

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Un commentaire

  1. Fred

    19 octobre, 2009 à 9:43

    A noter toutefois que Metz recupere un regiment et aura bien 1500 emplois administratifs. Il viendra aussi inaugurer le centre pompidou.
    De quoi limiter l’impact de la réforme militaire.
    On peut espérer aussi que les effets de la crise s’estompe et que l’activité redémarre. La Moselle est plus touchée que les autres en période de crise mais s’en sort mieux que les autres en période d’expansion. L’important c’est de pérenniser les activités existentes pendant la crise afin de profiter au mieux de la reprise encore à venir.

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