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Bilan de la visite du président français en Moselle

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En déplacement jeudi dernier en Moselle, département le plus frappé par les iniques et odieuses restructurations militaires et par la crise économique, le président français a ainsi tenu sa promesse de revenir. Enfin, oui et non. En choisissant d’éviter les zones particulièrement sensibles, comme Metz et Gandrange, Sarkozy, et/ou son cabinet et ses conseillers, ont préféré choisir la facilité et des sites ultra-protégés, comme la visite à Hambach du site de production de la Smart, un véhicule adapté à la taille du chef de l’Etat de Paris, et l’organisation d’une table-ronde à Woippy, fief de l’ami Grosdidier. De là à affirmer comme certains que Sarkozy aurait un problème psychologique avec notre belle province, suite au discours désastreux de l’aciérie de Gandrange, qui a définitivement fermé ses porte le 31 mars 2009, alors que le président de la France (attention !) avait pourtant juré d’y maintenir l’activité, peut-être pas. Toujours est-il que les promesses non tenues de Gandrange sont dans tous les esprits, comme le rappelle la stèle funéraire posée non loin de là par les syndicalistes en mémoires de ces belles paroles et sur laquelle Nicolas Sarkozy, NS pour les intimes, n’a même pas osé venir se recueillir. Trop dur, le fardeau est aujourd’hui trop lourd à porter et à supporter. Mais que dire de celui des 571 salariés de l’ex-aciérie d’ArcelorMittal ? Il est désormais bien loin ce fameux 4 février 2008 où Sarkozy affirmait que l’Etat français était « prêt à prendre en charge les investissements nécessaires pour maintenir l’aciérie en activité ». De quoi faire injure à toute la Lorraine, à tous les Lorrains. Bref des paroles NS, c’est-à-dire, comme en statistique, non significatives. Le chaudron lorrain n’est pas prêt de s’arrêter de bouillir. 

Cette visite, maintes fois reportée mais qui eu finalement lieu, même si nous aurions préféré en d’autres endroits, comme par exemple du côté l’usine de l’équipementier Johnson Controls à Sarreguemines où plus de 350 salariés sont menacés de perdre leur emploi, ou encore du côté de la plateforme pétrochimique de Carling Saint-Avold, dont les effectifs fondent comme neige au soleil, fut également l’occasion pour Nicolas Sarkozy d’annoncer ou de confirmer certaines mesures en faveur de la Lorraine. Faisons donc le point et le bilan sur ce qui a été dit entre autres sur la Smart électrique, le transport fluvial et ferroviaire, l’université et les nouveaux emplois publics. 

Nicolas Sarkozy a ainsi profiter de l’intention de Daimler via Dieter Zetsche, son CEO (Chief Executiv Officer), d’investir plusieurs dizaines de millions d’euros sur le site de Hambach, 90 millions d’euros pour être exact dans sa filiale, afin d’y produire la version électrique de ForTwo, pour annoncer un soutien public de 2,7 millions d’euros, dont 1,35 de la France par le biais de la Prime d’Aménagement du Territoire (PAT), à cette fabrication. La réalisation de la nouvelle petite citadine zéro émission se fera en plusieurs étapes. Une première production d’une série de 1 000 véhicules débutera ainsi à la mi-novembre pour une livraison client dès la fin de l’année. Ces véhicules seront destinés à des clients d’importantes métropoles européennes et des Etats-Unis dans le cadre de divers projets d’éco-mobilité. L’objectif pour Daimler est de recueillir les impressions des clients dans des conditions d’utilisation quotidienne. A partir de 2012, la Smart ForTwo electric drive fera ensuite partie du programme normal de production de l’entreprise et sera distribuée via le réseau Smart. Ce véhicule électrique de troisième génération de deux places, comme son nom anglais l’indique, disposera d’un moteur électrique de 41 chevaux qui lui offrira une autonomie de 115 km assurée par des batteries au lithium-ion. Sa vitesse maximale sera de 112 km/h. La Smart ForTwo electric drive pourra de même passer de 0 à 60 km/h en seulement 5,7 secondes. Ses batteries au lithium-ion à haut rendement seront placées entre les essieux et pourront être rechargées sur une simple prise de courant 220 volts. A noter que Daimler promet pour ce véhicule un coût d’utilisation de 2 euros aux 100 km, soit trois moins que sa version essence. Les ingénieurs du groupe prévoient également que l’autonomie de cette nouvelle ForTwo sera portée à 200 kilomètres en 2012. Cette décision constitue une excellente nouvelle pour le site de production ultra innovant de Hambach, même s’il faut reconnaître qu’en dépit de la crise économique, les ventes de Smart s’étaient particulièrement bien comportées, malgré un léger et récent frémissement. L’usine mosellane, qui emploie 1 600 personnes, 800 salariés chez Smart et 800 chez les fournisseurs et autres équipementiers, n’est en effet pas le site du secteur le plus à plaindre, dans la mesure où 138 000 véhicules sont sortis de ses chaînes l’an dernier. La Smart avait en effet connu une embellie en 2008 suite à sa percée sur le marché américain et au bonus écologique. La production de la version électrique de la ForTwo représente néanmoins une étape particulièrement importante pour la pérennisation de ce site inauguré en 1997 et qui a produit 1,1 million de voitures depuis cette date. Après un démarrage plus que laborieux, la petite citadine, qui est aujourd’hui commercialisée dans 41 pays et dont les principaux marchés sont l’Allemagne, l’Italie et les Etats-Unis, s’avère donc être une réussite à plus d’un titre. Alors que Dieter Zetsche annonçait une production annuelle « à cinq chiffres », Nicolas Sarkozy affirmait que la France achèterait de tels véhicules électriques. 

En ce qui concerne l’épineux dossier des odieuses et iniques restructurations militaires, le chef de l’Etat français n’a fait que confirmer l’implantation de 1 500 nouveaux emplois publics, dont 750 en provenance de l’INSEE (Institut National de la Statistiques et des Etudes Economiques), à Metz pour compenser, de manière largement insuffisante il faut le dire, le départ des militaires. A l’heure actuelle, 1 280 emplois auraient été trouvés par Nicolas Sarkozy. Il ne les a toutefois pas détaillés, précisant seulement qu’un centre national constitué d’un pôle de statistiques sociales et d’un centre d’enquête par téléphone serait créé. La première ville de Lorraine, de loin la plus saignée par cette réforme, puisque devant supporter 10 % de l’effort du territoire hexagonal, se verra de même octroyer trente millions d’euros, au lieu des dix initialement prévus, dans le cadre du contrat de redynamisation des sites de défense. Rappelons que les élus messins en réclamaient au moins 36, montant encore tout-à-fait insuffisant, quand on sait tout l’impact économique que va occasionner le départ ou la suppression des régiments du génie et médical et de la base aérienne 128, soit au total plus de 5 900 emplois civils et militaires perdus dans l’agglomération messine. Le compte n’y est donc toujours pas ! Le maire de Metz avait déjà rappelé à juste titre que le fait de ne pas venir dans la première ville de Lorraine, comme Nicolas Sarkozy l’avait pourtant promis en septembre 2008, constituait une « erreur », voire un « reniement » de sa part. Un nouvel affront fait à la Lorraine, province méprisée et déshonorée par Paris. Metz et la Lorraine ne doivent plus être ignorés de la sorte ! 

Toujours dans le domaine des « compensations » aux restructurations militaires, le gouvernement français prévoit de céder terrains et bâtiments aux collectivités locales pour l’euro symbolique. Paris prendra également en charge la dépollution des sites. Il appartiendra toutefois aux élus locaux de chercher des entreprises ou de réaliser des aménagements avec le concours de l’État français. Mais, ce que nous pouvons constater, c’est qu’en dépit des exonérations de charges et d’impôts prévues, les sociétés qui envisageaient de s’installer sur les sites en passe d’être libérés semblent aujourd’hui très prudentes du fait de la crise économique. Nicolas Sarkosy a par ailleurs déclaré que le 8ème Régiment d’Artillerie de Commercy qui doit être dissout, ne disparaîtra que lorsque que des « solutions pour l’emploi auront été trouvées ». De plus, un centre d’instruction sera bel et bien créé à Dieuze, afin d’y « maintenir une présence militaire significative ». Pour ce qui est du transfert à Metz de l’un des régiments de l’actuelle brigade franco-allemande, le président français s’est montré prudent, dans l’attente de la constitution d’une nouvelle coalition suite aux dernières élections allemandes. Les villes de Commercy, Dieuze et Bitche recevront enfin respectivement une enveloppe de dix, douze, et trois millions d’euros, toujours dans le cadre d’un contrat de redynamisation des sites de défense. 

En outre, le président français s’est engagé en faveur de la réalisation du projet Ulcos à Florange, dans le but de pérenniser le haut fourneau P6. Une telle initiative « peut stabiliser la situation industrielle de Florange et répondre à une partie du problème de Gandrange ». Cette brève allusion fut d’ailleurs la seule que Sarkosy fit en public sur l’ancienne aciérie d’ArcelorMittal au cours de son déplacement mosellan. Rappelons que le projet Ulcos consiste à séquestrer les rejets de dioxyde de carbone liés à la production de l’acier, de manière à réduire les émissions de ce gaz d’au moins 50 %. Tous les experts s’accordent à dire que cette réalisation assurerait l’avenir à moyen terme de la filière chaude de la sidérurgie lorraine. 

Le chef de l’Etat français a également décidé d’accorder une enveloppe supplémentaire de 20 millions d’euros à l’Université Lorraine qui doit voir le jour en 2012. Cette dernière s’était déjà vue octroyer, dans le cadre du projet Campus, 70 millions d’euros. Il n’a pas encore été toutefois précisé dans quoi seront investis ces 20 millions d’euros, dans l’institut Jean Lamour, à Georgia Tech ou encore dans la réalisation d’Artem ?

Pour ce qui est à présent des infrastructures de transports, plusieurs annonces ont été faites. L’A 31 sera tout d’abord mise à 2X3 voies, il n’était pas trop tôt, sur la portion Nancy-Metz. Aucun délai ni calendrier n’ont cependant été avancés. En outre, une plateforme multimodale logistique verra bien le jour le long de la Moselle. Le grand port mosellan sera articulé entre les sites de Thionville-Illange, Metz et Frouard. La plateforme ferroviaire de ce dernier sera réalisée à Illange. Le débat public relatif à cette mise en place sera lancé fin 2011, voire début 2012. Cette décision s’ajouta à celle de la construction du fameux canal Saône-Moselle, un projet vieux de 20 ans. Il s’agit de relier les ports belges et néerlandais de la mer du Nord à ceux de la Méditerranée. Toutes ces mesures devraient permettre de conforter la position européenne de notre belle province, d’autant plus que les travaux de la seconde phase du TGV-Est seront lancés dès 2010. La Lorraine se retrouvera donc au carrefour d’une liaison Ouest-Est par la route et le fer, et d’une liaison Nord-Sud par voie d’eau, fer et routes.  

Enfin, une dernière bonne nouvelle vînt émailler ce déplacement en Moselle. Le président français a effet hisser le projet d’aménagement des 800 hectares des anciennes friches industrielles de Micheville dans le Pays-Haut en « opération d’intérêt national ». Il a ainsi chargé son ministre de l’aménagement du territoire, à savoir Michel Mercier, de s’occuper de ce dossier qui ne date pas d’hier. Alors que les Luxembourgeois ont déjà fait sortir de terre toute une ville nouvelle du côté d’Esch-Belval, l’immobilisme des Français faisait véritablement figure d’une incapacité chronique à agir. Pour sortir ce bout de Lorraine de l’impasse, Paris a donc ressorti des cartons le projet d’une éco-cité. Nicolas Sarkozy a d’ailleurs promis, il ne fait que cela mais bien souvent il n’y a rien derrière,  qu’un programme et qu’un calendrier seraient annoncés dans les six prochains mois. Cette éco-cité, que d’autres appellent plus poétiquement « écopolis », garantirait les plus hautes normes de qualité écologique à un programme de logements et de bureaux qui seraient autant de vitrines de l’action publique dans le domaine environnemental. Notons que le principe figurait déjà dans le rapport Attali de janvier 2008. Cette décision a à la fois surpris et réjouit la Communauté de Communes du Pays-Haut-Val d’Alzette (CCPHVA) qui milite, depuis sa création en 2005, pour la réalisation d’une éco-agglomération transfrontalière, en proposant une certaine complémentarité avec ce qui se fait au Luxembourg. Reste maintenant à savoir si tout cela n’était encore une fois pas qu’un simple effet d’annonce… 

Pour conclure cet exposé, Nicolas Sarkozy, qui était attendu de pied ferme en Moselle, a annoncé des mesures intéressantes et concrètes pour la Lorraine. Qu’il tienne maintenant parole, une fois n’est pas coutume ! Cela dit, devant l’ampleur des restructurations militaires, qu’il a lui-même décidées, et de la crise économique, nous étions en droit d’attendre, et surtout de recevoir, bien davantage. Il aurait ainsi pu revenir sur certains arbitrages complètement illogiques d’un point de vue organisationnel et financier comme le transfert du régiment médical de Châtel-Saint-Germain au camp de La Valbonne dans l’Ain. Autrement dit, il aurait pu se risquer un peu plus en politique et reconnaître ses erreurs. De même, la question de l’A 32 n’a même pas été évoquée, tout comme celle de l’électrification de la ligne Nancy-Epinal-Belfort. Le président français, par les choix effectués pour son déplacement, a ainsi préféré ne pas affronter les difficultés de nombreux Mosellans. Il faut dire qu’en Lorraine, comme dans d’autres provinces, les foyers de mécontentements allumés par sa politique, ses soi-disant réformes ou le non-respect de ses engagements, sont multiples. Gandrange porte l’étendard de ces différents foyers. Alors que la ville mosellane aurait pu devenir un symbole de l’industrie en France, elle est devenue au contraire un symbole de la trahison, du mensonge d’Etat à la française. Quant à la revitalisation du territoire, les habitants n’ont toujours rien vu venir, mais alors absolument rien. Ni ArcelorMittal qui avait parlé d’implanter une entreprise de poutrelles en acier, ni les pouvoirs publics n’ont tenu leur parole. Le secrétaire d’Etat à l’emploi, Laurent Wauquiez, a pourtant affirmé que Nicolas Sarkozy retournerait, comme il l’avait dit, à Gandrange, un jour… peut-être, ou pas. Quand ? Le mystère demeure. Vous pourrez prochainement parier en ligne là-dessus. Quant à la réunion de Woippy, de source syndicale, la préfecture aurait demandé aux entreprises des environs immédiats de la caserne de cesser leur activité jeudi et de renvoyer leurs salariés chez eux. Bref, cette venue présidentielle peu providentielle s’apparentait à un « vrai lock-out au mépris du Code du travail ». Enfin, nous tenions à souligner la magnifique hypocrisie de nombreux politiques lorrains, que l’on pouvait d’ailleurs admirer dans l’ombre de Nicolas Sarkozy sur les photos parues dans la presse ou sur les rares images passées au journal de 20 heures. Etrange, non ? Alors qu’il y a quelques temps encore ils critiquaient ouvertement la politique du président français. Mais là, devant les caméras et les photographes, tout le monde était heureux et tout sourire. On vit vraiment dans le meilleur des mondes et dans l’univers merveilleux des Schtroumpfs. Toutes ces personnes n’ont donc aucun honneur et retournent leur veste comme ils abaissent leur pantalon. De mémoire, n’étaient-ce pas ces sympathiques Mosellans qui avaient offert au chef de l’Etat français une splendide pièce en faïence de Niderviller pour la Saint-Nicolas l’année dernière ? Nous, on l’oublions pas, en politique, les symboles sont forts. 

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2 Commentaires

  1. Dea

    11 octobre, 2009 à 22:45

    Bonsoir,

    Bien beau tout ces chiffres, cependant, je trouve malheureux de toujours devoir retrouver le même sillon, plus favorisé que tout le reste de la lorraine. En effet, le sillon, Metz/Thionville reste privilégié, et nombre des aides prévues semblent se diriger là-bas.
    Alors, ou sont donc les aides pour Sarreguemines, qui perd beaucoup d’emploi, en dehors de la Smart. Cette ville doit-elle avoir un régiment pour avoir de l’aide?
    Quid de Forbach qui se bat pour tenter de se tenir la tête hors de l’eau et qui ne râle pas pour autant, sa position face à Sarrebruck aurait pu être un avantage, mais l’impact de la Sarre ne fait pas le même poids que l’impact du Luxembourg sur l’axe Thionvillois. En effet, la Sarre perd beaucoup d’emplois aussi.
    Bref, je trouve à mon goût qu’on pense un peu trop a notre chère « capitale de région », comme si elle devait représenter en terme d’emploi, de dynamisme et d’un tout notre cher département de la Moselle…

  2. bloggerslorrainsengages

    25 avril, 2011 à 19:44

    Le Décret concernant l’Opération d’Intérêt National de Belval a été publié au Journal Officiel le mardi 19 avril 2011. Ainsi, selon le document, « Esch-Belval va devenir un modèle d’écocité transfrontalière qui sera la vitrine de la Lorraine dans les nouvelles technologies vertes ». De son côté, le gouvernement luxembourgeois a déjà investit 1,5 milliards d’euros depuis 2011, afin de construire sur les 120 hectares du site des datacenters, des centres de recherche, une université, un vaste centre commercial et des immeubles de bureaux. Autant d’équipements et d’infrastructures pour occuper cette nouvelle ville qui devrait compter entre 20 et 25 000 habitants.

    Pourtant, il n’y a toujours rien de concret côté lorrain.

    Le décret qui inscrit l’opération d’aménagement d’Alzette-Belval parmi les Opérations d’Intérêt National devrait a priori constituer une nouvelle étape qui devrait permettre l’accélération de ce dossier.

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