Il ne vous reste plus beaucoup de temps pour déguster des mirabelles de Lorraine. Cela dit, d’un point de vue historique, nous pouvons encore nous en réjouir, car notre fruit d’or avait bien failli disparaître. Aujourd’hui véritablement indissociables du paysage traditionnel lorrain, les mirabelliers étaient menacés de disparition il y a cinquante ans à peine. Heureusement que la ténacité et la motivation de 250 jeunes irréductibles producteurs lorrains les poussèrent à s’unir en 1990, afin de faire revivre contre vents et marées le plaisir de notre beau pays. Il leur aura finalement fallu quinze à peine pour gagner leur ambitieux pari. Depuis, le terroir lorrain s’est enrichi de 2 000 hectares de mirabelliers et de plusieurs signes de qualité, à savoir le Label Rouge, l’IGP (Indicateur Géographique Protégé), ainsi que le Label de l’environnement. Les producteurs lorrains, en plantant de nouveaux vergers et en sauvant tout un écosystème menacé de disparition, ont ainsi été les premiers à recevoir cette dernière distinction. Quinze ans auront donc été nécessaires. Et heureusement quand on sait que les mirabelliers actuels sont les descendants de ceux que le duc René avait rapporté des croisades. En cinq siècles, ils ont ainsi pu s’adapter à la singularité des sols et au climat lorrain. Si bien qu’aujourd’hui, 70% de la production mondiale de mirabelles vient de notre belle province. Bravo. Mais pour sauvegarder définitivement cette culture atypique et pour se prémunir contre une concurrence étrangère déloyale, mieux vaudrait se porter candidat à l’Appellation d’Origine Contrôlée. Une énième reconnaissance qui mettrait les producteurs lorrains à l’abri.
En attendant, seulement 25 à 30% de la production de mirabelles sont destinés à être consommés en fruits de bouche. Le reste est transformé en oreillons surgelés, qui bénéficient d’ailleurs depuis le mois d’août de l’IGP, en confitures, compotes, eau-de-vie et fruits au sirop pour la pâtisserie. De quoi en faire saliver plus d’un !
bloggerslorrainsengages
18 août, 2011 à 23:10
De mémoire de Lorrains, nous n’avons vu cela ! Une récolte qui commence vers le 20 juillet et qui ne devrait pas finir loin du 15 août, date à laquelle on la commençait habituellement il y a encore quelques années. Réchauffement climatique ou non, on est en avance d’une semaine sur le rendez-vous presque historique de la récolte.
Le parc de vergers de mirabelles de Lorraine possède un potentiel de 12 000 voire de 14 à 15 000 tonnes. Mais de tels chiffres constitueraient presque une surcharge pour les arbres, avec des problèmes de calibre. Le cru 2011 est bon. Il devrait apporter 7 à 8 000 tonnes, avec des mirabelles de grande qualité.
La récolte de mirabelle génère une forte activité saisonnière en Lorraine avec le recrutement de près de 2 000 personnes, dont un bon nombre sera prolongé jusqu’en hiver afin d’assurer la taille des arbres dans les vergers. La mirabelle représente un chiffre d’affaires de 10 à 20 millions d’euros selon la récolte, dont 25 à 30 % sont assurés par la seule vente en fruits frais, qui a pris de l’ampleur. 10 % terminent par ailleurs en eau-de-vie. Dans le temps, on utilisait surtout la mirabelle pour l’alimentation hivernale sous forme de conserves. Aujourd’hui c’est différent, car les gens en veulent pour une consommation directe. Mais c’est bien la surgélation, lancée il y a quelques années, qui a changé la donne économique. Cette transformation apporte une plus-value importante. Et les arboriculteurs lorrains investissent désormais beaucoup dans le marketing et la communication.
A une époque pas si lointaine, les enfants ramassaient les fruits d’or pour se constituer un petit pécule pendant leurs vacances. Les hommes secouaient les branches avec des gaules pour faire tomber les mirabelles. Depuis, la technique s’est affinée. Le « secoueur », un immense bras articulé accroché à un tracteur, remplace les mains des hommes. Ses tenailles d’acier enserrent le tronc, puis depuis sa cabine, le conducteur dose les impulsions hydrauliques pour le hocher. Cela ne doit pas être trop brusque. Il paraît même que ce procédé permet d’aérer les racines des arbres. Fruits et feuilles tombent sur un tapis déployé autour du tronc. La toile est ensuite enroulée, déversant dans le mouvement sa cargaison sur un long tapis roulant. Des petites mains interviennent alors pour retirer les branches mêlées aux fruits, tandis que d’autres trient les mirabelles qui glissent, en fin de circuit, dans des caisses.
bloggerslorrainsengages
18 août, 2011 à 23:13
La société Véga Fruits, basée à Saint-Nicolas-de-Port, commercialise les fruits des 350 producteurs de Lorraine regroupés en trois coopératives, Jardins de Lorraine, Coteaux lorrains et Vergers de Lorraine.
Cette année, les fruits ont une couleur exceptionnelle, un calibre moyen de 26 mm, alors que la réglementation européenne requiert 22 mm. 16° Brix, c’est-à-dire le pourcentage de sucre, sont nécessaires pour commencer la cueillette.
Près de 400 000 mirabelliers, issus de lignées traditionnelles et non palissés, sont exploités sur près de 1 600 hectares en Lorraine. La production, qui peut atteindre 10 tonnes de fruits à l’hectare, représente un chiffre d’affaires de quelque 15 millions d’euros.