Alors que le bouclage du financement du second tronçon de 106 km du TGV Est Européen entre Baudrecourt et Vendenheim semblait ficelé, il devait même être officialisé dernièrement à Paris, voilà que le sempiternel débat autour de la réalisation ou non de la fameuse gare TGV d’interconnexion de Vandières, d’un montant estimé à plus de 100 millions d’euros, refait surface. Le problème, c’est que personne ne prend la décision de trancher définitivement. Les nombreuses tergiversations des politiques lorrains apparaissent ainsi comme les fondements mêmes de ce nouveau contretemps dans la concrétisation du second tronçon du TGV Est. Si le débat sur Vandières est en soi intéressant et mérite d’être effectué, c’est au contraire la magouille politicienne et toutes ses arrière-pensées plus tordues les unes que les autres qui méritent vraiment d’être condamnées. Car le controversé président du conseil régional de Lorrain ne pouvait en aucun moment ignorer que la résurgence de l’épineuse question de Vandières ébranlerait le consensus naissant sur le financement de la seconde phase du TGV Est. Le même intéressé veut un geste politique de l’Etat français en faveur de la gare d’interconnexion de Vandières et un autre afin d’aider à la redéfinition de la gare intérimaire de Louvigny, qui avait coûté (pour rien) 25 millions d’euros au contribuable lorrain, en gare de fret à grande vitesse. Une nouvelle fois, si les revendications du président de région ne nous paraissent pas scandaleuses, son attitude l’est nettement moins, dans la mesure où les modalités concernant Vandières et Louvigny auraient du être clairement débattues, définies et décidées avant qu’un consensus ne s’établisse enfin. Car le dossier de ces deux gares ne date pas d’hier et constitue l’exemple parfait de la mauvaise gestion des (ir)responsables lorrains et de la nullité de leur action politique. Nous y avions d’ailleurs déjà fait mention dans un précédent article (http://blogerslorrainsengages.unblog.fr/2009/01/12/la-chasse-aux-gaspilleurs/#more-328).
Compte-tenu de l’intérêt à démontrer et du prix excessif d’une éventuelle gare de Vandières, certains réclament plutôt d’investir sur la ligne Epinal-Belfort, afin d’ouvrir notre belle province au Sud, c’est-à-dire vers Lyon et Marseille. Le problème, c’est qu’apparemment, faute de moyens financiers, cette dernière ne pourrait se faire qu’au détriment de la seconde tranche du TGV Est. Cette dernière, estimée à plus de 2,1 milliards d’euros, apparaît intéressante malgré le fait que seulement 25 minutes seront gagnées entre Paris et Strasbourg. D’autant plus qu’elle traverserait la partie orientale du Parc Naturel Régional de Lorraine, ce qui n’est pas sans poser de légitimes inquiétudes d’un point de vue environnemental et paysager. Mais tout l’intérêt de ce deuxième tronçon pour la Lorraine, c’est bien de se tourner vers l’Est et de se retrouver sur un axe de grande vitesse entre Paris et Bratislava. Il semble en effet véritablement inconcevable de laisser ce privilège, c’est-à-dire ce lien avec l’Est, aux seuls Alsaciens. La Lorraine pourrait ainsi obtenir des arrêts internationaux sur les lignes Paris-Stuttgart-Munich et Paris-Bâle-Zurich, autant de zones d’échange historiquement très importantes pour notre belle province.
Luc
29 juillet, 2009 à 22:43
Bonjour,
Il semblerait justement que la question de la desserte de la gare Lorraine soit primordiale:
* Les liaisons TGV entre Metz et Strasbourg, par le raccordement de Baudrecourt, seront peu nombreuses. Les accords avec le Luxembourg prévoient quatre allers retours quotidien. Par ailleurs dans ces mêmes accords la France s’est engagée à gagner 40mn sur les Luxembourg-Strasbourg, alors que la LGV ne permettra d’en gagner que 30mn. Il faudra être attentif à ce que les 10mn restantes résultent d’une amélioration de la ligne Metz-Luxembourg et pas d’une suppression des arrêts en Moselle.
* Les liaisons entre Nancy et Strasbourg seront purement symboliques, le raccordement étant prévu beaucoup trop loin, à hauteur de Sarrebourg.
Le seul point d’accès à la LGV vers l’est sera donc la gare Lorraine-TGV. Or la SNCF a fait savoir que la fréquentation de cette gare Lorraine-TGV était insuffisante pour maintenir les arrêts des trains vers Francfort. Et elle est également très pessimiste sur l’arrêt des Paris-Munich, ceux-ci ayant peu de chance d’être plus attractifs.
Par ailleurs le Paris-Zurich doit, dès 2011, emprunter la LGV Rhin-Rhône: les temps de parcours seront de 3h45 par Dijon après le première phase de LGV Rhin-Rhône, contre 4h20 aujourd’hui par Strasbourg.
Avec la deuxième phase, il y aussi le risque que les liaisons Paris-Francfort passent par Strasbourg, privant la Moselle-Est de son accès à Paris.
Il est donc primordial d’obtenir un engagement de desserte de la part de la SNCF avant de signer un chèque en blanc. Et bien entendu une meilleur accessibilité de la gare jouera sur la fréquentation des arrêts et donc leur attractivité pour la SNCF. Ce n’est pas à la Lorraine de financer la liaison Strasbourg-Paris: si la région doit investir 130 M€ (d’ailleurs pourquoi cette différence avec la note payée par les régions Champagne-Ardenne ou Ile-de-France ?) il faut qu’elle y trouve son intérêt.
Concernant Vandières, il faut tout de même rappeler que le dossier d’enquête publique a été déposée en préfecture fin 2008 et qu’il est depuis bloqué, sans explication, par les services de l’État. A méthode de voyou, réponse de voyou?
Alex
30 juillet, 2009 à 13:08
Le plus scandaleux dans cette histoire, c’est que de vulgaires querelles de clochers entre lorrains vont mettre en peril un projet d’envergure europeenne. Je rappelle que l’idee principale est quand meme d’arriver a transformer toute la magistrale, jusqu’a Budapest. Donc la desserte de Forbach, Vandieres et Louvigny, honntement…
On devrait trouver les 150 millions qui manquent ailleurs (plan de relance par exemple) et supprimer tous les arrets de TGV en Lorraine le temps que vous soyez capables de comprendre les vrais enjeux du projet, et de vous mettre d’accord. Pour une fois.
Luc
30 juillet, 2009 à 19:01
C’est vrais que la magistrale européenne, ça c’est un projet de première urgence. Quel scandale que la France bloque ainsi cette infrastructure qui est absolument vitale pour l’ensemble du continent. Décidément notre pays est la honte de l’Europe, je dirais même qu’il est raciste. Cette rengaine, ça fait vingt ans que les lobbyistes alsaciens nous la jouent au violon. A part les 60km entre Karlsruhe et Mannheim qui sont adaptés à 250km/h (d’abord pour relier la Ruhr et la Bavière), pouvez vous nous rappeler combien de kilomètres de lignes grande vitesse ont été construits entre Strasbourg et Budapest? Sur son trajet d’est en ouest, cette « magistrale » loupe tous les grands pôles d’Europe centrale (La Ruhr, Zurich et Milan): qui voulez vous que cela intéresse ?
Et si vous n’en avez rien à foutre de la desserte de la Lorraine, et bien oui: allez mendier votre pognon ailleurs.
Luc
30 juillet, 2009 à 21:47
Ha le doux refrain de la « magistrale européenne », cela fait bien 15 ans que vous nous le chantez celui-la non ? Pouvez vous nous rappeler combien de km de ligne grande vitesse ont été construit entre Strasbourg et Budapest ?
Il suffit de regarder un carte pour voire que cet axe qui évite les grandes métropoles de la Ruhr, de Zurich ou de Milan n’a aucun avenir. Je suis certain que même les lobbyistes alsaciens n’y croient pas vraiment.
Vous comprendrez donc que de notre coté des Vosges la desserte de votre région ne nous préoccupe pas plus que l’intérêt que vous semblez porter à nos problèmes locaux.
Quand à vos menaces…