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Quand la mine devenait une usine à V1

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Tout commence en 1882, date à laquelle remonte la concession minière du Tiercelet, devenue peu de temps après mine du Syndicat et dont le minerai était reconnu comme étant de bonne qualité. La zone d’exploitation, d’une superficie de 769 hectares, s’étendait sous les communes de Hussigny, Thil, Villers-la-Montagne, Morfontaine et Bréhain-la-Ville. Cela dit, la Seconde Guerre Mondiale allait radicalement changer le destin de cette mine. En effet, cette dernière vit en 1942, sombre époque où la Lorraine était déchirée une nouvelle fois, les prémices d’une activité souterraine militaire ultrasecrète. Les premiers contingents du IIIème Reich furent dès lors remplacés par des SS qui étaient chargés de surveiller les prisonniers entassés dans des baraquements. Thil devint ainsi une plaque tournante pour les déportés politiques et les juifs des Pays de l’Est. Profitant des conditions techniques et de stockage de la mine du Tiercelet, les Nazis passèrent à une production intensive de fusées V1 de 1943 à 1944. Les prisonniers construisirent à cette fin, dans la mine du Tiercelet, à plus de 100 mètres sous terre, une véritable usine de fusées V1. Ces dernières eurent ici une envergure de 5 mètres, pour une longueur de 8 mètres et un poids total de 2 tonnes, dont environ 600 kg de carburant ainsi qu’une tonne d’explosif. Leur portée maximale fut poussée jusqu’à 400 km, ce qui signifie que Paris pouvait être atteint à partir du site lorrain, tout comme l’était déjà Londres à partir des bases à V1 néerlandaises. Pour la construction et l’installation de l’usine du Pays Haut, l’Organisation TODT fit acheminer 7 grands transports de machines à outil d’Allemagne mais aussi de l’usine Peugeot de Montbéliard. A noter qu’outre la production de fusée V1, l’usine fut complétée pour la conception d’éléments du tout nouvel avion de chasse Focke Wolf 154. Pour faire face aux besoins de fabrication, les prisonniers durent effectuer les trois postes jusqu’à finir par coucher sur place. Les plus récalcitrants d’entre eux furent envoyés au camp de Thil, dénommé par ailleurs « Camp de travail Erz ». Les voûtes, hautes de 7 mètres, permettaient le stockage du matériel et même l’arrivée d’une future ligne directe de chemin de fer.  A la libération de la mine du Tiercelet, de Thil et des villages environnants, une partie du matériel fut saisie par les Américains. On raconte même que des têtes de fusées furent transformées pour un usage domestique, comme à Hussigny-Godbrange, où un habitant s’en est servi pour en faire une hotte de cuisine. Après la guerre, l’exploitation minière prit fin en 1965. Le maire de Thil, espère toujours pouvoir rouvrir la mine historique, afin d’en faire un sanctuaire et des visites guidées, à l’instar du Camp de Thil. La crypte est quant à elle déjà visitable. Une histoire hors du commun, à n’en pas douter …

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Un commentaire

  1. AvéMoi

    17 juin, 2010 à 0:31

    A noter : ruine du camp de detention d’audun le tiche pour les prisonniers russes encore visible en forêt..pour le reste je vous laisse apprecier une fois de plus la qualité historique et stratégique incontournable et incontestable de notre belle lorraine….
    A visiter sans modération….

    Vive le duché Lorrain, et LA LORRAINE LIBRE !!

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