Dans sa configuration actuelle, la base aérienne 128 de Metz-Frescaty est le modèle même de ce qui a inspiré la réforme des iniques restructurations militaires. La dépecer pour ensuite la fermer ne reviendra pas à économiser de l’argent, mais au contraire à en dépenser encore plus, pour faire moins bien. Une aberration totale, une écrasante incompréhension. Car quand l’ancien chef d’état-major de l’armée de l’air a arbitré jadis en faveur de Metz-Frescaty pour y installer l’état-major de toutes les forces aériennes, l’argument principal était celui du plus faible coût. Pour quelles obscures raisons cet argument ne serait-il donc plus valable aujourd’hui ? La réponse tient aussi bien dans le népotisme et le clientélisme de l’actuel gouvernement français que dans l’incompétence et la désunion des politiques lorrains et plus particulièrement mosellans. Il est beau le pays des droits de l’Homme, soi-disant modèle de démocratie. Magnifique ! Car rappelons-nous que déjà à l’époque, le ministre français avait eu le choix entre Tours, Dijon et Metz. Or, voici que l’option Dijon revient sur le devant de la scène, même si, comble de l’ironie et du ridicule, cette dernière n’est absolument pas en mesure, actuellement, de recevoir les cadres basés à Frescaty. Pour réaliser ce déménagement, il faudrait ainsi construire et doter les lieux de tous les outils de commandement indispensables. Donc dépenser toujours plus pour faire moins d’économie au final. Dépouiller un site qui dispose de tout pour le donner à un autre à l’étroit dans ses murs et en incapacité chronique à accueillir de nouveaux personnels. La base aérienne 128 abrite également les avions « Transal Gabriel » dédiés au renseignement, ainsi que les 800 personnels voués à ces missions. La perspective de transférer ces « pions » sur la base d’Evreux ne pourra s’affranchir de nouvelles constructions. Même constat donc que pour Dijon. Or à Frescaty, base spécialisée entre autres dans la logistique et dans l’aide au déploiement, d’importants efforts de remise à niveau ont été consentis. C’est même depuis la base messine que les secours aux victimes de la tempête dans le Sud-Ouest avaient été portés. Un beau cadeau de remerciement. Quelle générosité du petit Paris ! Merci, « fallait vraiment pas », comme les gens disent chez nous la main sur le cœur. Enfin, Frescaty recèle les moyens mobiles de surveillance aérienne. Pour faire simple, tous les outils destinés à l’action sont dans une même main de l’état-major messin. C’est donc peut-être cela qui dérange le plus nos ennemis ? Trop de pouvoir en main, par rapport à la soif d’en avoir plus, toujours plus, des autres ? Mais messieurs, éclater les 53 unités qui composent Metz-Frescaty sur six autres bases transgresse fortement le principe de recherche d’économie, qui est au cœur de votre propre réforme ! La plate-forme messine est en revanche en totale cohérence avec ces mêmes fondamentaux.
Il est enfin plus que surprenant de vouloir conserver la base de Tours, où tout le monde souhaite la voir justement disparaître en raison du trafic aérien, pourtant nettement inférieur à celui de la base de Frescaty, avec 50 000 mouvements annuels contre plus de 80 000. C’est pour cela que Mme Beaufils, sénateur-maire de Saint-Pierre-des-Corps dans l’agglomération tourangelle, ne cesse de harceler le ministre français pour fermer cette maudite base. Quitte à fermer un établissement, autant faire plaisir à des Français qui le souhaitent, non ? Car en Moselle, beaucoup de voix se sont élevées pour obtenir le maintien de Frescaty. Et Hervé Morin ne nous a guère fourni d’explications satisfaisantes, dans la mesure où l’argument selon lequel la base 128 serait trop proche de la ville ne tient pas une seule seconde la route. En effet, les bases d’Orange, Creil, Tours, Evreux, ou encore d’Orléans seraient-elles implantées en plein désert urbain ? Evidemment non !
Metz et la Lorraine ont assez défendu la France alors que rien ne les y obligeait pour ne pas être désormais dans sa ligne de mire. Plus qu’un manque de reconnaissance, c’est véritablement un acte de trahison. Mais c’est le vainqueur qui écrit toujours l’Histoire…