1968 – 2009. L’historique club omnisports du SMEC (Stade Messin Etudiant Club), qui comptait 2000 licenciés, a vécu. Même si la justice l’a placé en redressement judiciaire, le club s’était déjà sabordé, sous la bénédiction de la ville de Metz. Il était en effet temps d’arrêter les frais. Mais il y aura des dégâts pour l’emploi et le handball masculin. Triste destinée, fin d’une époque marquée par un prestigieux passé aujourd’hui sali. La formule semble décidemment courante ces derniers temps en Lorraine. Et c’est bien la section handball et ses 250 000 euros minimum de déficit ainsi que son absence de résultats qui ont entraîné le club dans sa terrible chute, alors même que le tennis de table avait quant à lui réussit à combler le trou dans ses caisses. Le SMEC handball, reparlons en. On s’y croirait presqu’encore tant ce club a marqué de son empreinte le sommet national. Le SMEC handball, club aujourd’hui oublié, entre grandeur indélébile, puis décadence. La mairie de Metz qui avait pourtant récemment envisagé de passer l’éponge sur cet incroyable scandale financier et sportif, a donc désormais décidé de laver le linge sale. Entre absence d’autorité des uns et folie des grandeurs des autres, on était en effet arrivé à une situation où l’on ne pouvait plus faire supporter aux contribuables l’ampleur d’un tel désastre, se justifie à juste titre la municipalité. Le handball masculin, section, qui n’avait plus de président ni de trésorier, et qui rémunérait quatre joueurs et deux entraîneurs sans vraiment en avoir les réels moyens financiers, serait donc bien la source de tous les maux. Le constat, lucide, est en effet plus que désolant, dans la mesure où plus personne n’était capable de fournir les chiffres exacts d’une démesure incontrôlée. La mairie entend cependant identifier précisément les responsables en lançant un message fort au monde associatif dans lequel on ne peut pas faire n’importe quoi. Il était une nouvelle fois temps d’arrêter les frais, car d’autres sections étaient menacées de disparition et n’avaient pas à subir les mauvaises gestions des autres dirigeants. Par conséquent, la mairie de Metz a pris la décision de créer une cellule pour accompagner les nouveaux clubs dans leurs démarches et de mettre en place des aides exceptionnelles de trésorerie à partir de bilan financier précis et clair. Autrement dit, les autres sections ont reçu le feu vert pour voler de leurs propres ailes. Bienvenue donc à Metz-Judo du dynamique Fred Agazzi (top 60 national) qui compte 427 licenciés et qui est lui en excédent budgétaire, à Metz-Badminton et à Metz-Tennis de table…
C’est navrant mais c’est ainsi. Tous les clubs universitaires et étudiants ou presque disparaissent. La formule du club omnisports, plus du tout adaptée à la pratique actuelle, est désormais révolue. Il est en effet maintenant devenu impossible de faire coexister le haut niveau avec des disciplines n’ayant pas de compétition. Entre la gymnastique volontaire ou la Nationale 1 de handball, il y a effectivement un gouffre. Et c’est le moins que l’on puisse dire. Il convient dès lors de faire les bons choix car Metz doit rester une place forte du handball. La fin du SMEC laissera un grand vide, car le club, fleuron d’un passé pas si lointain, n’a jamais su prendre le virage à temps, celui qui a accompagné la montée en puissance du handball professionnel. Le handball masculin messin était à la traine, il le paye de la plus terrible des manières aujourd’hui. C’est la vie. « On s’arrête à un endroit, on repart à un autre », disent certains, car la section handball du SMEC, qui a perdu l’équilibre financier et entraîné dans sa chute l’entité omnisports, va trouver refuge chez les filles de Metz-Handball et chez leur président Thierry Weizman. Ce dernier ayant en effet accepté cette victime des finances malsaines. Mais il n’aura pas à éponger les dettes des nouveaux venus. Heureusement, car le club des multiples championnes de France se remet tout juste de bourrasques financières qui ont bien failli le faire lui aussi disparaître. Tout un symbole. En revanche, la subvention municipale passera de 350 000 à 160 000 euros pour les deux catégories. Ce qui signifie que six emplois seront supprimés, ceux de quatre joueurs et de deux entraîneurs. Des restructurations seront donc à prévoir, à commencer par les plus évidentes. Les équipes féminines et masculines évolueront désormais sous le même maillot et auront les mêmes partenaires. « Pour cette saison, on sait où l’on va, mais pour les années suivantes, on part à l’aveuglette », avoue en toute honnêteté le président de Metz Handball. C’est bien cela qui inquiète. Et comment ne pas lui donner raison quand il rappelle une dangereuse évidence. A savoir celle qui consiste à posséder deux équipes haut de gamme au sein d’une même entité. En France, seule la ville de Nîmes y parvient et ce sont deux clubs différents. Le maximum sera cependant réalisé pour pérenniser le formidable travail au niveau de la formation. Il y aura donc moins de mercenaires, davantage d’espoirs du cru, avec par exemple ceux du groupe France des – 18 ans, le tout sans penser obligatoirement à atteindre de nouveau et rapidement les sommets, qui au final, vous font perdre la tête.
Le SMEC est donc mort, probablement emporté par la nature trop collective de sa structure. Chacun est désormais libre de voler de ses propres ailes, pour le pire ou pour, souhaitons le, le meilleur. La décision aura au moins eu peut-être le mérite de responsabiliser les dirigeants face aux exigences financières de la pratique sportive quand celle-ci grimpe les échelons de la renommée. Le rugby, l’athlétisme, le basket n’ont jamais réellement voulu l’assumer à Metz et se sont donc fourvoyés. Avec plus ou moins de bonheur d’ailleurs, mais sans déficit il est vrai. Triste pour les 2000 licenciés et ces bénévoles qui ont payé leur cotisation pour la simple beauté de l’effort. L’ASPTT Metz, voisin de toujours et frère ennemi de légende, avait lui bien laissé filer son fleuron, le handball.