La municipalité messine a récemment voté une hausse de 5,5% des impôts locaux. Ceci devait générer une recette supplémentaire de près de 2,4 millions d’euros. Le maire avance plusieurs arguments plus ou moins recevables pour justifier une telle décision.
D’une part, la ville va devoir prendre en charge le transfert de compétences de l’Etat français, comme la mise en place du passeport biométrique, le logement dans les foyers, le périscolaire du samedi, diverses missions locales non identifiées, les objets trouvés ou encore la maison de la justice et du droit. Paris a également décidé de geler les subventions à certaines associations et de ne plus participer à l’acquisition des collections des bibliothèques publiques. Metz craint en outre de voir baisser la dotation globale de fonctionnement accordée et calculée au regard du recensement de la population. Or celle-ci diminuerait. A démontrer tout de même avant les restructurations militaires.
D’autre part, la municipalité avait cédé en 2007 15% des parts de l’Usine d’Electricité de Metz (UEM), devenue depuis peu société d’économie mixte. Cette vente, qui rapporta 45 millions d’euros, ne compensera pas bien longtemps les 12 millions d’euros environ que l’UEM versait chaque année à la ville. De plus, pour 2009, les dividendes ne devraient pas excéder les 8,5 millions d’euros. Mais c’est également sans compter le fait que Metz devra désormais payer sa facture d’électricité, qui devrait s’élever à 2,3 millions d’euros.
Troisième argument avancé, celui de la rénovation des places du centre-ville et de leur piétonisation. En effet, le stationnement en voirie rapporte beaucoup plus à la ville que le stationnement souterrain, confié à des sociétés privées. Ainsi, le seul transfert des places du parking aérien de la République vers le parking souterrain Arsenal constituera pour Metz un manque à gagner d’1,5 millions d’euros par an.
Le fait des restructurations militaires est de plus et évidemment évoqué. D’un point de vue démographique, Metz pourrait perdre 1100 habitants en 2010, 1150 en 2011 et 2500 à partir de 2012. Les recettes issues de la taxe d’habitation baisseront donc de 2,2 millions d’euros dès 2011 et l’enveloppe globale de fonctionnement sera réduite de 1,4 millions d’euros.
Par ailleurs, la ville a prévu un ambitieux programme de rénovation de son parc d’éclairage public, dont 25% a actuellement plus de 30 ans, faute d’investissements depuis bien trop longtemps, alors que c’est normalement la durée de vie de ces équipements. 3 millions d’euros seront par conséquent engagés chaque année pour cette opération de rénovation. La municipalité a de plus l’intention de procéder au renouvellement de la voirie tous les 25 ans et des trottoirs tous les 30 ans.
Mais tout cela est sans compter le coût d’un autre plan ambitieux de rénovation, à savoir, celui des bâtiments communaux et autres écoles.
Enfin, pour pouvoir continuer à investir, une commune doit absolument présenter des recettes de fonctionnement supérieures à ses dépenses de fonctionnement. En raison de toutes les pertes liées aux arguments précédents, ces dernières augmenteront plus vite que les recettes. La ville craint donc à cout terme un effet ciseau, cas où ses dépenses seraient supérieures à ses recettes, ce qui paralyserait complètement la capacité de Metz à investir.
Mais alors, avec toutes ces pertes, une telle augmentation sera-t-elle suffisante ? Certainement pas… Une autre façon d’envisager et de concevoir le problème serait donc d’engager moins de chantiers. Mais est-ce bien raisonnable ? Rappelons que même avec une telle hausse, les impôts locaux de Metz resteraient parmi les plus bas de France pour des villes comparables.