Le Mont Saint-Quentin, point culminant du Pays Messin, attire l’Homme depuis des millénaires. Ce promontoire des Côtes de Moselle a de tout temps inspiré les passions et suscité les convoitises. Il a toujours constitué une position stratégique de la plus haute importance, permettant aux troupes de toutes les époques de contrôler Metz et sa périphérie. La présence humaine y est attestée dès la Préhistoire. En effet, des outils datant d’au moins 5000 ans avant notre ère ont été retrouvés sur ses pentes. Le Mont Saint-Quentin est selon la légende, l’ancienne colline du Tignis Mons ou Mont des Charpentes, qui offrait jadis le bois nécessaire à de nombreux usages. Ce n’est qu’après le IXème siècle, lorsque les reliques de Saint-Quentin furent déposées à son sommet, dans une petite église, que le mont prit son nom actuel. La vigne, importée par les Romains, y prospérait autrefois. Des traces d’une telle culture remontent ainsi au IIème siècle. C’est cette même vigne qui fut chantée par le poète latin Ausone sur les bords de la Moselle. Elle fut ensuite l’activité des religieux. En effet, le plus ancien propriétaire du Mont n’était autre que l’Evêque de Metz. Le vin fit par la suite la richesse et la prospérité des Messins aux XIIème et XIIIème siècles. La vigne qui courrait sur les flancs du Saint-Quentin et dans la vallée fut presqu’entièrement anéantie par le phylloxéra au début du XXème siècle, avant d’entamée une renaissance depuis une dizaine d’années. Il faut donc imaginer qu’au moment de la construction des forts dès 1868, le haut du Mont n’était pas recouvert d’arbres mais de ceps et de quelques taillis. Mais depuis l’abandon des forts, la nature a repris le dessus et l’urbanisation grignoté quelques espaces.
Vue panoramique de Metz depuis le haut du mont Saint-Quentin (Crédits photo : Arnaud Scherer)
Avec une telle histoire, il n’est pas étonnant que certaines associations s’inquiètent du projet d’aménagement touristique de la Communauté d’Agglomération de Metz Métropole (CA2M), dont les travaux préparatoires, à savoir débroussaillage et dépollution, viennent de débuter. Il faut en effet savoir que le site est à la fois classé, en tant que site historique et site Natura 2000, dans la mesure où il abrite des espèces protégées comme une vingtaine d’orchidées différentes des pelouses calcaires, des chauves-souris rares, la chouette hulotte ou le hibou moyen-duc. Aussi les associations craignent pour la conservation du riche patrimoine militaire du Mont, mais également d’autres éléments comme les ruines d’une maisonnette ayant appartenu à une élève de Laurent Maréchal, ou encore les quatre arbres de la Croix-Cueillat qui marquent l’emplacement où l’on brûlait autrefois les sorcières.
Aujourd’hui, comme nous l’avons précédemment évoqué ici et dans d’autres articles, le Mont Saint-Quentin, fait l’objet d’un ambitieux projet de mise en valeur touristique et de réaménagement de ses espaces boisés. Il s’agit d’in travail de longue haleine puisque la réalisation de ce projet s’étale sur les quinze voire les vingt prochaines années. La CA2M prévoit d’y injecter entre quinze et 24 millions d’euros. Les vocations du futur Mont Saint-Quentin sont de cinq ordres : tout d’abord un tourisme local pour les habitants de Metz et son agglomération, ensuite un tourisme plus large afin de permettre aux visiteurs de découvrir la vallée messine, une vocation pédagogique également pour rappeler le passé militaire de la ville, mais aussi une dimension écologique et sociale dans la mesure où des chantiers d’insertion seront menés. Il y a ainsi un énorme travail à fournir sur la pierre, la ferronnerie et l’aménagement des sentiers. L’idée d’un téléphérique est même avancée, dans l’optique d’éviter au maximum les voitures. D’autant plus que les traces d’un ancien funiculaire, partant du cinquième virage de la route touristique jusqu’au Fort Diou, ont été retrouvées. Cependant, il va en outre falloir nettoyer et sécuriser l’environnement des bâtiments, assurer la mise en place des garde-corps et des ouvrages de sécurité (Fort Diou, Fort de Plappeville, etc.), le dégagement du Groupe Fortifié du Mont Saint-Quentin, la démolition des bâtiments dangereux, la consolidation de certains autres ouvrages ainsi que la mise en lumière des silhouettes du Fort Girardin et du Fort Diou. Le coût prévisionnel de cette phase s’élève à sept millions d’euros. En effet, si le Saint-Quentin n’aurait pas été bombardé pendant la Première Guerre Mondiale, aucun obus de 1914-1918 n’a été retrouvé, les forts ont par contre subi des tirs d’artillerie pendant la Seconde Guerre Mondiale. Par la suite, une seconde tranche de travaux sera engagée. Celle-ci prévoit la création de nouveaux parcs de stationnement, de chemins complémentaires, de l’ouverture des enceintes fortifiées Diou et Plappeville, du balisage et de la signalisation des cheminements ainsi que des aménagements paysagers spécifiques. Le tout pour là aussi sept millions d’euros. Enfin, la réhabilitation et la consolidation des constructions altérées donneront au site une dimension touristique et culturelle pour une enveloppe prévisionnelle de dix millions d’euros.
Histoire de ne pas oublier qu’il y a tout juste un siècle, Metz était la ville la plus fortifiée du monde et que c’est sur les flancs de ce mont, à Scy-Chazelles, village de la résidence de Robert Schuman, que s’est construit l’Europe d’aujourd’hui.
Hanen Roland
5 mars, 2009 à 11:30
Scy-Chazelle est le village natal de Robert Schuman ? Messin d’origine, je sais qu’il est né à Luxembourg, que son père Jean-Pierre Schuman, était originaire de Evrange, que sa mère, Eugénie Duren (1864-1911), née à Bettembourg était elle aussi luxembourgeoise avant de demander la nationalité allemande. Scy-Chazelle est la « résidence Messine » de ce grand homme! Sa première langue fut d’ailleurs le luxembourgeois et sa venue à Metz n’est due que parce que Metz avait un lycée réputé (Metz était allemande, car annexée à l’époque). Les origines familiales de cet homme expliquent son admirable parcours !
Scy Chazelle, par contre est le lieu où il a résidé et où sa dépouille repose…
SEBASTIEN
29 mars, 2009 à 22:37
L’histoire des fortifications militaires de Metz vous passionne,
rendez-vous sur http://lesfortsenmoselle.neuf.fr
Amicalement.