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Restructurations militaires : démonstration par l’absurde

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Pour vous monter à quel point les restructurations militaires arrivent à défier toute logique dans certains cas, si ce n’est celle du copinage du président français, nous allons prendre l’exemple du 1er Régiment Médical, actuellement basé à Châtel-Saint-Germain, dans la périphérie de Metz, et qui est appelé à déménager à la Valbonne, dans l’Ain, à 25 kilomètres de Lyon.

Si l’espoir semble renaître du côté de Châtel-Saint-Germain, aucun responsable militaire, civil et encore moins politique, ne souhaite communiquer en ce moment sur ce sujet pour le moins épineux. Revenons quelques temps en arrière pour mieux cerner le problème. Avec les restructurations militaires, rappelons-le, Metz et sa proche périphérie doivent déplorer 6 000 départs ou suppressions militaires. Nous pouvons citer parmi les victimes de cette saignée, la Base Aérienne 128 de Marly-Frescaty (2 500 hommes), le Régiment du Matériel de Woippy (1 200 hommes), le 2ème Régiment du Génie de Metz (1 200 hommes également) ou encore le 1er Régiment Médical de Châtel-Saint-Germain (1 055 hommes). Ce dernier serait donc amené, selon le fameux et maudit Livre Blanc, à être rapatrié au camp de Valbonne, au Nord-Est de Lyon. Cela dit, l’unité mosellane se trouverait heureusement confrontée à un problème majeur. En effet, le 3ème Régiment Médical de la région Rhône-Alpes, crée seulement en 2001, n’est absolument pas en mesure de l’accueillir, faute de structures et de terrains nécessaires ! La structure de la Valbonne passerait ainsi d’un millier à plus de 2055 personnels, auxquels il faut encore ajouter les 69 personnes du centre d’instruction des armées qui accompagneraient le régiment messin. Or les infrastructures rhônalpines sont à la fois inadaptées et insuffisantes. On commence ainsi à apercevoir toute la légitimité et le sérieux de la réforme, qui paraît dès lors pour le moins clownesque et complètement absurde ! Car une estimation chiffrée pour l’achat de terrains et la construction de nouveaux bâtiments s’élèverait au minimum à … quarante millions d’euros ! N’est-il pas vrai que l’objet de cette mesure inique n’est pas de réaliser des économies ? Parce que là il est bien difficile de les voir ! C’est vraiment du grand n’importe quoi. Une aberration de plus pour notre Lorraine. Car, compte tenu du délai bien trop court, il apparaît désormais matériellement strictement impossible que le déménagement se fasse fin 2011 comme il était prévu initialement. A la rigueur, il serait encore envisageable, dans l’optique de foutre en l’air les deniers publics, alors que les caisses sont déjà vides, qu’à partir de 2013, voire 2014. Ainsi, compte tenu également de la logique de réduction des coûts dans laquelle s’inscrivent ces restructurations militaires, il serait plus que raisonnable, pour ne pas dire logique ou normal, que le régiment médical campe définitivement à Châtel-Saint-Germain.   De même, s’il faut absolument regrouper ces régiments, ne serait-ce pas plutôt aux 750 hommes de la Valbonne de rejoindre leurs collègues lorrains ? D’autant plus, que les installations de Châtel-Saint-Germain viennent d’être superbement restaurées, pour la modique somme de vingt millions d’euros. Qui plus est, elles seraient tout-à-fait capables de recevoir l’intégralité du 3ème régiment rhônalpin, car en Lorraine, les casernes peuvent facilement et sans grande transformation recevoir un surplus de personnel sans gros effort financier. En fait, l’armée comptait sur la vente des casernes de Châtel pour avoir les moyens de faire des aménagements à la Valbonne. Pourquoi construire des bâtiments neufs qui existent déjà ? Il faudrait vraiment nous expliquer là ! Mais comme Paris a gracieusement offert les locaux à la mairie pour l’euro symbolique, les militaires pourront au mieux se payer une brique pour leurs futures installations. Plus sérieusement, l’inverse de ce qui avait été prévu, à savoir la venue du 3ème Régiment Médical de la Valbonne en Lorraine, permettrait non seulement de faire économiser à la France au moins 40 millions d’euros, mais aussi de ne plus faire perdre au pays messin 1 055 hommes, et même d’en regagner environ 600, du fait des doublons administratifs ! Enfin, que ces unités médicales partent de Metz ou Lyon ne changent pas grand-chose lorsqu’il s’agit par exemple d’aller opérer en Afghanistan.

Cependant, beaucoup craignent à Paris de voir le commencement d’un effet domino, c’est-à-dire le risque qu’une dérogation à la règle générale, pourtant complètement absurde, en entraîne de multiples. Car il n’est jamais bien vu de revenir sur une décision que l’on a aussitôt qualifiée de non négociable. A moins que, s’agissant de ces deux régiments médicaux, la maîtrise des coûts publics soit un motif suffisant.  Les priorités financières de l’armée ne vont en outre pas vraiment envers les services de santé. Par conséquent, l’armée a fait remonter l’information à Paris par la voie hiérarchique. Mais les ministères français restent désespérément muets sur ce sujet qui doit vraisemblablement bien les embarrasser. Tant mieux.  

Mais la problématique du 1er Régiment Médical de Châtel pose également la question du devenir de l’hôpital militaire Legouest de Metz. Assimilé à un centre hospitalier universitaire (CHU), cet établissement, dont la dénomination exacte est hôpital d’instruction des armées serait en cas départ du régiment médical sérieusement menacé, bien que très performant. C’est bien cela le comble ! Car actuellement, cet hôpital reçoit 70 % de patients et de personnels civils. Or, c’est précisément c e statut mixte, le seul dans tout le Grand Est, qui suscite nombres d’interrogations. D’autant plus, que depuis un certain temps déjà, les contrats courts passés avec des médicaux de l’armée ne sont plus renouvelés et que les officiers de santé mutés ne sont plus remplacés. Cela dit, bien que le régiment de la Valbonne constitue avec l’hôpital militaire de Lyon un pôle médical, il serait tout-à-fait possible de faire aussi bien, sinon mieux, à Metz avec le centre d’instruction des armées Legouest. De plus, la Lorraine, province trois fois frontalière, pourrait même accueillir le premier noyau d’une structure de santé militaire européenne, comme il a été dernièrement évoqué lors de la conférence de Munich. Toujours est-il que si notre belle province n’arrive pas à récupérer le 3ème Régiment Médical, la chose sera nettement plus due à un tragique manque de persuasion des élus lorrains, car ce n’est pas faute d’arguments, et de la faiblesse du lobbying politique auprès du président français, que du fait d’une réflexion stratégique sur la carte des implantations militaires en métropole.

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Un commentaire

  1. bloggerslorrainsengages

    13 octobre, 2010 à 15:22

    L’Hôpital d’Instruction des Armées (HIA) Legouest, à Metz, a dernièrement été épinglé, comme les huit autres établissements du genre de France, par la Cour des Comptes en raison de son déficit financier. Cela dit, Legouest n’est pas un hôpital public, ce qu’oublie de mentionner la Cour dans son rapport. La structure participe certes au service public, mais également à toutes les opérations militaires. Or, la culture militaire à longtemps supposé une certaine discrétion, au détriment de la valorisation des actions menées au profit de l’armée. D’ailleurs, parmi les neuf HIA (Toulon, Marseille, Bordeaux, Lyon, Brest et trois à Paris), Legouest demeure depuis plusieurs années le plus mobilisé pour les opérations extérieures. Le directeur de l’hôpital assure de même que Legouest est certainement le moins menacé des HIA de France. D’une part, parce qu’il est fortement intégré dans le maillage de santé local et régional : il développe en effet des relations étroites avec le Centre Hospitalier Régional de Metz-Thionville et avec la faculté de médecine de Nancy. D’autre part, parce qu’il reste dans un territoire militaire, et ce, malgré les iniques et odieuses restructurations opérées dans ce domaine. Legouest devrait a contrario se préparer à accroître sa présence aux côtés des futurs hôpitaux de Mercy et Robert-Schuman. La structure messine compte bien ainsi continuer à recruter du personnel médical compétent.

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