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Morts aux champs, mais sans honneur

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En récupérant un bataillon à la place de son régiment, le Pays de Bitche limite la casse. Pourtant il n’y a rien d’exceptionnel même si on peut naturellement s’en réjouir. Les élus du Bitcherland ont (tout simplement) assumé les responsabilités que leurs concitoyens leurs avaient données. Ce qui est tout à leur honneur. Mais cette mesure de sauvetage, qui provoque une cuisante déception dans les autres villes de garnison désertées, accentue la colère en Lorraine, de Metz à Commercy, en passant par Dieuze. Ces autres élus, qui n’ont rien fait ou presque ; en effet le maire de Dieuze a fait ce qu’il a pu, sans aucun soutient ; n’ont franchement pas de quoi pavoiser. Que la honte d’avoir perdu sans même combattre repose sur eux… 

Une seule ville de garnison sera finalement épargnée : Bitche, qui récupère les 1 200 hommes du 16ème bataillon de chasseurs, en provenance de Saarburg en Rhénanie-Palatinat. La ville, par l’intermédiaire de ses habitants et de ses élus mérite vraiment sa légion d’honneur, qu’elle menaçait d’ailleurs de restituer. Comme quoi, on se retroussant les manches et en agissant avec efficacité, on arrive à forcer le destin et à changer les choses. Une ville sauvée sur toute la panoplie des communes assiégées. C’est bien là le triste résultat de cette nouvelle campagne française en Lorraine. Si, bien entendue ces restructurations militaires défient souvent toute logique, certains des élus lorrains, directement ou indirectement concernés par ce tsunami, ont une grande part de responsabilité dans cette affaire. Justement, le plus grand reproche que l’on puisse leur faire, c’est de ne pas s’être battus, de s’être suspendus par naïveté ou crédulité à des promesses complètement illusoires pour ne pas déranger leur quiétude et devoir agir. Bref, tout simplement de ne pas avoir pris leurs responsabilités. Ils auraient au moins pu dénoncer l’absurdité et le réel non sens des mesures prises qui, au lieu d’économiser les deniers publics, vont au contraire les épuiser un peu plus. En effet,  Paris ne s’était jamais engagé à remplacer chacune des unités supprimées ou déplacées. Même si le chef de l’Etat français avait tout de même annoncé aux élus que deux régiments nouveaux viendraient amoindrir le choc, on pouvait très bien se doutait que cette annonce n’avait pas d’autre but que d’inhiber toute forme d’action qui lui aurait été préjudiciable. Et bien entendu, tout le monde a gobé à l’hameçon. Le maire de Metz le premier. Il est maintenant clair que cette promesse ne sera pas mieux tenue que celle de Gandrange, qui constituait quand même un sérieux antécédent pouvant nuire à la sacro-sainte crédibilité du président français. Car le lot de consolation sera partagé en deux, ­ le bataillon franco-allemand pour Illkirch-Graffenstaden en Alsace, et le 16ème BC pour Bitche. Du coup, Metz, Dieuze et Commercy se considèrent comme les grands perdants de ce jeu de quilles, après avoir espéré, avec plus ou moins de conviction, bénéficier de la promesse présidentielle. Mais quand on s’en remet à espérer, on oublie bien souvent d’agir. Et voilà, ce qui devait arriver arriva. Chapeau bas ! 

Les conséquences de ces bouleversements sont connues. Globalement, selon les calculs de l’observatoire économique de la Défense, l’impact économique de la présence militaire représentait avant la restructuration 0,7 % du produit intérieur brut de la Lorraine et non 7 % comme cela avait été faussement véhiculé. Mais à l’échelle des bassins visés, le départ entre 2010 et 2012 de plus de 7 000 militaires, sans parler des emplois civils, va provoquer des séismes locaux. Chaque site « devrait » pouvoir compter sur dix millions d’euros d’aides de la France pour tenter tant bien que mal de retrouver son équilibre, à condition de disposer de projets viables. Mais, même les mesures annoncées par les pouvoirs publics semblent difficiles à mettre en œuvre, à l’image des 1 500 emplois publics envisagés pour le «pôle statistique» de Metz. De même, à Dieuze, on attend toujours des nouvelles du «centre d’instruction» qui pourrait être installé à la place du fameux 13ème Régiment de Dragons Parachutistes. Certains disent que le régiment de Commercy ne serait dissout que si une solution de remplacement était trouvée. Si bien que, les compensations promises ne seront jamais à la hauteur des pertes annoncées. Aurait-il pu en être autrement ? Car avec dix millions d’euros, on construit un beau gymnase ! Pas plus, et encoreAujourd’hui les élus de l’agglomération messine, de la Meuse ou de Dieuze regardent dans une parfaite contemplation et la bouche grande ouverte le député Céleste Lett, qui s’était investi à deux cents pour cent dans la défense du Pays de Bitche. On se demande quand ces foutus élus se décideront à agir ! Toujours est-il que leur frilosité pour l’action ne risque guère d’aller mieux en ces temps de crise… 

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