Si nombres de problèmes et de difficultés lorraines émanent de Paris, il est parfois bon et même nécessaire de balayer devant sa porte avant de critiquer les autres et de chercher un facteur d’explication d’une calamité à l’étranger. Ainsi des purges doivent être opérées afin de débarrasser le système lorrain de ces éléments nuisibles, qu’ils en aient conscience ou non. Et, en ce qui concerne le domaine des restructurations militaires il y a du travail. Ainsi, si c’est l’Alsace et non la Moselle qui va obtenir l’implantation de certains soldats allemands pour compenser le départ de régiments français, notamment du côté d’Illkirch, ce n’est pas Angela Merkel qu’il faut blâmer mais certains des élus mosellans qui ont fait preuve d’une étroitesse d’esprit assez pathétique et inimaginable. En effet, telle ne fut pas notre surprise de lire dans Le Canard enchaîné du 8 octobre dernier que lorsque le président français a reçu une délégation de parlementaires et de maires mosellans pour discuter des conséquences économiques de la réforme des armées, il a notamment proposé à ces élus l’implantation d’une brigade allemande en Moselle en indiquant qu’il en parlerait à son amie Angela Merkel. Et là, certains n’ont pu s’empêcher de réagir face à une telle ignominie qui allait priver certaines bourgades de l’élan économique et démographique nécessaire pour pouvoir s’en sortir. Gisèle Printz, sénateur de la Moselle (PS) en fut de ceux-là. Elle aurait opposé une fin de non recevoir à cette proposition en déclarant que « les Allemands avaient déjà annexé deux fois la Moselle » d’après le même Canard enchaîné. Elle aurait vu en cette proposition la cooroboration du théorème mathématique « jamais deux sans trois ». Il fallait par conséquent absolument empêcher cela. Bien entendu, une ligne parue dans la presse satirique, sortie de son contexte, peut toutefois donner une image biaisée de la réalité. La sénatrice affirme ainsi ne s’être à aucun moment opposée à la venue de militaires allemands en Moselle. Quoi qu’il en soit et partant de ce constant, il ne faut pas perdre de vue que les restructurations militaires ont été menées par le gouvernement français dans un esprit, pourrait-on dire, de copinage. Ainsi, les proches et les sympathisants des « têtes pensantes » de Paris ont naturellement été favoriser. « Malheureusement », ces proches ne sont trouvent pas en Lorraine et encore moins en Moselle, territoire le plus touché par la saignée de la soi-disant réforme des armées. Cet esprit de favoritisme avait d’ailleurs été confirmé par le secrétaire d’Etat français Alain Joyandet, maire de Vesoul, faut-il le rappeler, après qu’il est épargné sa ville et sa base aérienne au détriment de celle de Metz-Frescaty. Par conséquent, si aujourd’hui un bataillon allemand s’implante en Alsace et non à Metz, comme c’était initialement prévu, c’est aussi par affinité du président français avec Jean-arie Bockel, secrétaire d’Etat à la défense et chargé des anciens combattants.
Néanmoins, il est vraiment regrettable que certains de nos élus, à la consonance germanophobe, pardon germanophone, ne soient pas au courant que la seconde guerre mondiale est terminée depuis 63 ans, que l’Allemagne est le premier investisseur étranger en Lorraine, que de nombreux ressortissants allemands habitent les villages mosellans frontaliers et que d’autres possèdent des résidences secondaires dans des zones pas vraiment au meilleure de leur forme économique, contribuant ainsi à l’économie locale en évitant une désertification. Mais tout cela n’a strictement aucune importance après tout. Nos (ir)responsables, dont on se demande si les réponses n’ont pas été dictées par la bêtise ou par l’ignorance des réalités économiques du département qu’ils sont sensés représenter, ont ainsi offert à l’Alsace un régiment gratis. Nos voisins n’en demandaient pas tant. Mais comment peut-on être à ce point incompétent et irresponsable. Cela doit être du jamais vu dans les annales de la connerie lorraine. C’est impossible, ces personnes ne peuvent que travailler et collaborer avec l’Alsace ! C’est en tout cas tout bonnement incompréhensible. Gageons que de tels propos ne condamnent pas une ville lorraine à mourir tout doucement faute de compensation face à la saignée des restructurations militaires. Et oui, le départ de régiments entiers dans des petites villes va avoir des conséquences dramatiques : chute de la population, donc des recettes communales, baisse de l’activité économique du fait de la baisse démographique, sans parler du tissu associatif, de la capacité des bourgades à investir. Franchement bravo, un grand coup de chapeau à nos chers représentants…