Alors que de l’autre côté des Vosges, à Colmar, on exulte, les Lorrains font une nouvelle fois grise mine. En effet, l’unité allemande qui semblait promise à Bitche ne traverserait finalement pas la bonne frontière. La chancelière aurait donné, de sources allemandes et alsaciennes, son feu vert à l’arrivée de 500 soldats allemands à Colmar. On imagine toute la consternation du camp lorrain. Mais que voulez-vous, nos voisins semblent souffrir terriblement le martyr. A tel point qu’il est normal de leur attribuer une telle surcompensation, fruit une nouvelle fois, d’un marchandage politique odieux et illégitime.
Rappelons qu’à la fin de l’année dernière, un bataillon de la Bundeswehr devait arriver en France dans le cadre des compensations des restructurations militaires et de l’amitié franco-allemande. Trois villes étaient au départ pressenties pour accueillir ces soldats : Bitche, Metz et Strasbourg qui dispose de l’Etat-major de l’Eurocorps. Entre temps, le président français s’était engagé à venir à la fin de l’année 2008 en Moselle pour apporter des solutions au départ de nombreux militaires. Résultats : peanuts et on l’attend toujours. Calendrier international oblige, ce dernier avait alors différé sa visite début 2009. On est au deux-tiers du mois de janvier, et les Lorrains ne voient toujours rien venir à l’horizon. Le délai d’attente pour un rendez-vous chez un ophtalmologiste est moins long !
De même, il était convenu, que Bitche, qui perd le 57ème régiment d’artillerie et son camp militaire, devait récupérer un régiment franco-allemand. Ainsi, pour le président français qui souhaitait faire venir deux régiments franco-allemands, l’un serait pour Metz, l’autre pour Bitche. « Mais s’il n’y en avait qu’un, il serait pour Bitche ». Depuis de l’eau a coulé sous les ponts malgré la rigueur des températures. En effet, la seule question qu’on se pose actuellement en Alsace, est de savoir si Colmar, qui abrite déjà le 152ème régiment d’infanterie, a la place suffisante pour accueillir quelques centaines de soldats supplémentaires et leur matériel ! Comble de l’ironie. On croirait entendre une mauvaise plaisanterie. Juste au passage, en Lorraine, avec le départ de 14 000 hommes, ce n’est pas la place qu’il nous manque. Mais bon, apparemment cela n’intéresse personne. Rappelons également, que si la cité haut-rhinoise va perdre sa base aérienne, celle-ci accueillera à la place le célèbre régiment de marche du Tchad et ses 1 100 militaires, d’où le terme, tout-à-fait approprié de « surcompensation ». Tout pour l’Alsace, rien pour la Lorraine… Il est beau le soi-disant intérêt national !
Alors qu’à Metz, la liste des illusions perdues et des espoirs déçus n’ont fini plus de s’allonger après le flop de l’arrivée de l’Ecole vétérinaire de Maisons-Alfort ou encore l’installation d’un pôle de Météo France, du côté de Dieuze et de Bitche, autres villes saignées à blanc comme il se doit par la fouine gouvernementale, si tout le monde s’accorde sur le désenclavement routier, voire ferroviaire, la question pécuniaire ne passe pas. Les Lorrains sont une nouvelle fois les dindons de la farce …
A noter enfin que le président de l’agglomération messine défend l’idée d’une candidature pour une labellisation « Ecocité », ce qui offrirait des perspectives de reconversion à la BA 128 de Frescaty. L’espoir demeure, mais pour combien de temps ?
Chers Lorrains, il est grand temps que vous deveniez acteurs de votre destin.