En ce qui concerne la répartition des directions régionales entre Metz et Nancy, Bernard Niquet, préfet de Lorraine, a une mission particulièrement difficile, une mission presqu’impossible. En effet, quelle que soit la décision prise, elle fera des mécontents. Le préfet doit rendre sa copie le 28 novembre à Matignon. Le Premier Ministre français se chargera des arbitrages. L’enjeu est de taille : l’implantation des futurs pôles administratifs d’importance, réduit avec la réforme des administrations de 23 à 8, ainsi que les quelques 1850 fonctionnaires qui en découlent. Le statut quo privilégierait la parité, c’est-à-dire quatre directions pour les deux métropoles lorraines. Mais que peut-il bien se passer dans la tête du préfet : on peut facilement imaginer, par exemple, que celui-ci aimerait avoir un maximum de fonctionnaires à portée de main, plutôt qu’à une soixantaine de kilomètres. Cependant le lobbying va bon train. Les Nancéiens apprécient en effet moyennement les récents propos de deux élus mosellans particulièrement inconscients. Et pour cause ! Cela dit, ces déclarations extrémistes et dangereuses pour la stabilité régionale ne trouvent guère d’échos dans l’agglomération messine. Le maire de Metz ainsi que le Président de la communauté d’agglomération préfèrent agir avec plus de tact et de « modestie » en revendiquant avant tout la future Direccte (Direction Régionale des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l’Emploi). L’argument est simple : 50% de l’économie lorraine se trouve en Moselle.
Bien moins évident est de recueillir les propos de leurs homologues nancéiens. Ces derniers ayant en effet opté pour une stratégie radicalement différente. Ils se refusent tout simplement et systématiquement à toute déclaration fracassante sur le sujet, préférant à chaque fois défendre l’unité lorraine. Une stratégie de l’ombre de Dark Rossinot d’autant plus sournoise qu’en coulisses, tous les leviers de pression, tous les contacts ministériels sont activés. Une situation qui n’est pas s’en rappeler celle de la Guerre Froide, où les Etats-Unis cherchaient à impressionner les Soviétiques en publiant sans complexe leur nombre de bombes nucléaires avec toute l’intoxication et la provocation que cela engendrait. Tandis que Moscou restaient plutôt bien mystérieux sur de pareilles données militaires alimentant ainsi tous les fantasmes de Washington. Il ne s’agit ici bien évidemment pas de comparer les différents protagonistes lorrains à ces deux superpuissances aux destins opposés, mais simplement d’illustrer leur stratégie par analogie.
Toujours est-il que l’on saura d’ici quelques semaines laquelle de ces stratégies, de la déclaration d’hostilité ouverte à celle plus habile et plus réfléchie de l’ombre, l’emportera. Il paraîtrait déjà, et ce, malgré les demandes des élus messins, que le nouveau pôle emploi lorrain, irait à … Nancy. Affaire à suivre…