Ce n’est pourtant pas de l’or qu’ils cherchent, mais des casques, gourdes, ceinturons et boutons d’uniformes militaires. Ils sont ainsi de plus en plus nombreux à arpenter les sillons de la zone rouge autour de Verdun, ces fameuses collines boisées de la Meuse où plus de 300 000 hommes, Français et Allemands, trouvèrent la mort au cours de l’une des plus grandes batailles de l’Histoire entre le 21 février et le 19 décembre 1916. Ils, ce sont des collectionneurs, des touristes ou tout simplement des gens du coin, tous armés de détecteurs de métaux. Et tous contribuent au pillage de Verdun et des autres sites de grandes batailles de la région. On trouve en effet de plus en plus d’objets militaires et autres reliques historiques dans les brocantes des alentours. De même, les greniers de nombreux villageois en regorgeraient. Par ailleurs, la création des sites d’enchères en ligne tels que E-Bay, n’a fait qu’amplifier le phénomène contre lequel il semble difficile de lutter selon les autorités. Pourtant une simple interdiction préfectorale et un renforcement de la surveillance de ces fouilles illégales pourraient y contribuer.
Il faut dire que pour ces collectionneurs d’armes et d’attributs militaires, la zone rouge constitue une véritable caverne d’Ali Baba. Quand on sait que seulement 16 000 hommes sont enterrés au cimetière de Douaumont, il y a de quoi trouver quantité d’os, de fusils et de munition, là, sous quelques mètres de terre. Si bien qu’il arrive parfois de rencontrer un squelette en vrac au bord d’un sentier. Et impossible de l’identifier puisque son matricule, ainsi que les boutons de son uniforme qui résistent à la putréfaction, ont bien sûr été dérobés. Pour celui-là, encore, Allemand ou Français, on ne saura jamais. On l’aura compris, ces pillards d’un nouveau genre contribuent donc à la destruction d’un site remarquable et de la mémoire des combattants de Verdun.
Mais, partir à la chasse aux trésors de guerre n’est pas sans risque. Il y a en effet toujours plus de collectionneurs d’armes qui se prennent à tort pour des spécialistes en explosifs. La conséquence peut bien évidemment en être dramatique. De même, au moins un enfant se tue chaque année en manipulant des charges récupérées sur la zone rouge. L’enfer des tranchées fut tel, que l’on estime aujourd’hui qu’il faudra plus de 250 ans avant que tous les obus ne soient remontés à la surface. A chaque fois que l’un d’entre eux explosait, le sol se recouvrait d’un mètre de terre. Le problème aussi, c’est que tous n’ont pas explosé.
Environ 500 obus remontent à la surface chaque année. La zone rouge n’a donc pas fini de porter son nom …
bloggerslorrainsengages
14 novembre, 2012 à 23:48
Les commémorations autour du centenaire de la Guerre de 1914-1918 vont attirer l’attention sur la Meuse et ses vestiges enfouis que chaque week-end des collectionneurs et des amateurs viennent déterrer à leurs risques et périls. Le prix des objets va alors monter et entraîner une recrudescence des pillages et des cambriolages des sites, des mémoriaux et des cimetières. Ces derniers, ainsi que le souvenir des combattants qui y reposent, doivent être protégés et sécurisés. La Meuse, qui n’a pas été, comme la Somme, déminée pour transformer les champs de bataille en champs de betteraves, a vu les forêts recouvrir le théâtre des opérations. Tout a été figé en 1920. Nettoyer le terrain aurait coûté trop cher. C’est pourquoi c’est est aujourd’hui la plus grande réserve archéologique du monde de la Grande Guerre : insignes, décorations, bidon de Poilus et ossements, la terre n’en finit pas de recracher des vestiges de la grande boucherie.