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Le Hackenberg : géant de la Ligne Maginot

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Les dimensions impressionnantes en font le fort le plus imposant de toute cette ligne défensive. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : douze kilomètres de galeries souterraines, 19 blocs de combat, 18 pièces d’artillerie dont plusieurs tourelles faisant chacune plusieurs centaines de tonnes et des cloches GFM (guet fusil-mitrailleur), le Hackenberg pouvait abriter plus de mille hommes et 43 officiers à près de quarante mètres sous terre. La visite d’un tel monstre d’acier et de béton reste une expérience inoubliable et enrichissante qui ne pourra laisser indifférent. Elle conduit le curieux au cœur de l’une des plus grandes réalisations techniques du début du XXème siècle.

Hackenberg

La gare de triage à l’intérieur de l’ouvrage, du côté de l’entrée des munitions (Crédits photo : Céline Bost)

Situé à Veckring, à une vingtaine de kilomètre de la frontière allemande, l’Ouvrage du Hackenberg doit son nom à la colline boisée culminant à 343 mètres du même nom sous laquelle il fut bâti. Le Hackenberg fait donc partie de la fameuse Ligne Maginot, ligne défensive fortifiée composée d’ouvrages plus ou moins importants et équipés, d’abris ou encore de zone artificiellement inondable, notamment près de Sarrebourg, qui protégeait les frontières exposées des Ardennes ou Rhin. Ce réseau de puissantes fortifications porte le nom du ministre de la Guerre qui défendit le projet de loi devant le Parlement en 1930, André Maginot. Il convient d’appréhender la construction de ce dispositif défensif comme une réponse aux traumatismes de la Première Guerre Mondiale et de plus particulièrement de la Bataille de Verdun, symbole des tranchées et de la souffrance des soldats. La Ligne Maginot se conçoit en outre comme un dispositif préventif et dissuasif face à une éventuelle et nouvelle invasion allemande. La Ligne Siegfried n’est autre que son répondant de l’autre côté de la frontière. La Ligne Maginot fut réellement mise en chantier en 1930, en raison de la levée de dizaines de millions de francs que nécessitait son financement, et plus particulièrement la construction du Hackenberg qui servit de prototype et d’essai technologique pour de nombreuses autres ouvrages élevés le long de la frontière. L’achèvement de ce géant nécessita 1800 ouvriers et six années de travail. Si le gros œuvre comme le perçage des galeries, fut terminé en 1933, le Hackenberg ne fut livrée qu’en 1936.

Ce puissant ouvrage fortifié constituait un véritable verrou défensif, protégeant une voie naturelle d’invasion entre la Vallée de la Moselle et l’Allemagne. Après la déclaration de guerre en 1939 et la période de vigilance extrême de la « Drôle de guerre », le Hackenberg tint parfaitement son rôle lors de l’invasion allemande en 1940. Invincible sans pourtant avoir véritablement combattu, il fut cédé aux troupes d’Hitler après la reddition française. En effet, la Wehrmacht contourna la Ligne Maginot à l’Ouest par les Ardennes avant d’encercler l’armée française, le tout en à peine six semaines. La débâcle française symbolisa le triomphe de la Blitzkrieg ou « guerre-éclair », stratégie militaire destinée à faire capituler l’ennemi en un minimum de temps sous l’action conjuguée des divisions blindées au sol au sol et des forces aériennes de la Luftwaffe. Si bien que les traces de combat affectant différents blocs du Hackenberg furent occasionnées par l’artillerie de la troisième armée américaine du général Patton. D’ailleurs, une agréable promenade autour des extérieurs du fort, permet au visiteur de mieux apprécier les stigmates et la violence des combats sur les parois de l’entrée des Hommes notamment et toute la puissance des blocs observatoires et des tourelles de plusieurs dizaines de kilomètres de portée, qui du haut de la colline, surveillent la vallée immuablement. Un fossé antichar assez impressionnant est également visible.

C’est accompagné d’un guide de l’association Amifort Veckring que vous pouvez plonger dans les entrailles souterraines de l’ouvrage fortifié. Un métro, servant à transporter hommes et munition dans les galeries vous permet de parcourir les trois kilomètres visitables du fort. L’organisation et la vie quotidienne des soldats cloîtrés sous terre s’appréhendent alors au grès des différentes pièces toutes à la pointe de la technologie du début des années 1930 : poudrières, obusiers, gare de triage, centrale électrique capable d’alimenter une ville de 10000 habitants, cuisines ultramodernes et fonctionnelles. Un petit musée d’armement et d’uniformes de la Seconde Guerre Mondiale complète agréablement le parcours. Mais le clou de cette passionnante visite reste la démonstration et la mise en service d’une des plus imposantes tourelles de l’ouvrage, celle du bloc 9 pour deux lance-bombes de 135 mm. C’est là que se révèle toue la puissance mécanique de cette pièce de plusieurs centaines de tonnes qui sort de terre prête à faire feu. A tout point de vue le Hackenberg est IMPRESSIONANT !

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Un commentaire

  1. bloggerslorrainsengages

    30 décembre, 2010 à 0:52

    Le 24 décembre 1939, un millier de soldats français passaient leur veillée de Noël autour d’un autel improvisé au fort du Hackenberg à Veckring. L’année suivante, les uniformes étaient allemand, les prières restaient les mêmes. En 1944, ce sont les GI’s qui se recueillaient au cœur du plus grand ouvrage de la ligne Maginot. En 2010, une cinquantaine de civils ont fêté la Nativité lors d’une messe atypique célébrée par l’aumônier militaire de la Région Terre Nord-Est.

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