Il ne reste pratiquement plus rien de Nasium, plus aucune trace visible de la grande cité des Leuques, peuple gaulois romanisé qui occupait jadis la partie méridionale de la Lorraine. Pourtant, c’est là, dans les environs des communes de Naix-aux-Forges et de Saint-Amand-sur-Ornain dans la Meuse, que gisent sous nos pieds et à notre insu les vestiges de cette glorieuse cité antique. L’association du site de Nasium œuvre depuis quelques années pour réveiller la belle endormie au gré des chantiers de fouilles, des conférences, de la mise en valeur des restes découverts et de l’organisation de grands rassemblements de reconstitution de batailles antiques.
Colonne de Nasium (Crédits photo : Wikipédia)
Le site surélevé de Boviolles ainsi que l’avantage stratégique et défensif qui en découlait, prédestinèrent ce lieu à devenir un centre antique majeur. Ceci commença par la construction d’un oppidum, agglomération gauloise fortifiée sur un site en hauteur. On recense environ une dizaine d’oppida en Lorraine, prenant généralement ancrage sur un site naturellement protégé (colline, méandre de rivière,…) auquel on y ajoutait des remparts en terre, pierre et bois que l’on nomme murus gallicus. L’oppidum de Boviolles s’étend sur près de 70 hectares et est protégé sur trois côtés par des pentes raides. Un murus gallicus de plus de 300 mètres de long et haut de 4 à 5 mètres venait compléter le dispositif défensif. Après les conquêtes romaines, une ville gallo-romaine se développa donc en contrebas de l’oppidum de Boviolles à la fin du I er siècle avant J-C. A l’apogée de sa prospérité et de son influence économique et politique, l’agglomération antique s’étendait alors sur une superficie de 120 hectares et se dota d’un apparat monumental conséquent. Les différentes campagnes de fouilles menées sur place ont d’ores et déjà permis de dégager les fondations d’un imposant temple gallo-romain de 65 mètres de long et de 76 mètres de côté. On estime que celui-ci fut abandonné vers la fin du IIème siècle après J-C. On sait en outre que Nasium possédait, à l’instar de toutes les grandes cités romaines, un forum, des bâtiments publics, deux ensembles thermaux, un complexe culturel rassemblant plusieurs temples, un théâtre et de nombreuses villas qui ponctuaient ici et là les différents quartiers urbains et leurs réseaux de rues. Par ailleurs, pas moins de cinq nécropoles délimitaient la périphérie de la cité. Tout ceci témoigne donc de l’importance et du rôle que pouvait jouer Nasium à l’époque gallo-romaine, influence qui avait été jusqu’à présent largement sous-estimée. On situe actuellement l’apogée économique de la ville aux IIème et IIIème siècles après J-C. Mais au cours du Bas-Empire, Nasium commença à décliner au profit d’autres agglomérations antiques, à savoir Toul et Verdun, toutes deux promues au rang de chef-lieu de cité. Enfin, après avoir été très certainement mise à sac au moment des invasions barbares durant le Vème siècle, une nouvelle ville fut reconstruite et fortifiée, qui survécut un temps à l’époque mérovingienne, avant de tomber dans l’oubli.
Dadu Jones
16 octobre, 2008 à 8:34
..et dans la foulée de ce sujet passionnant, une visite au musée municipal de Bar-le-Duc s’impose, puis que la salle sur Nasium est particulièrement intéressante!