Le transfert de 1500 statisticiens franciliens à Metz afin de compenser (partiellement) les conséquences de la restructuration des armées dans la capitale lorraine apparaît toujours aussi indigeste pour les agents concernés. Même si le discours s’est légèrement modifié, en effet, le lieu de destination ne fait plus forcément aujourd’hui l’objet d’attaques déplacées, la mobilisation n’en démord pas.
Cette nuance prouve néanmoins que les réactions stupéfaites et engagées de nombreux Lorrains, qui faisaient part de leur indignation et de leur colère de voir l’image de leur ville et de leur région une nouvelle fois ternie, semble avoir porté ses fruits. Certains agents de l’INSEE en feraient presque maintenant leur destination favorite de vacances ! Tant mieux. Mais il leur reste encore à se convaincre d’en faire leur lieu de travail et de vie. Les mêmes statisticiens préfèrent désormais s’inquiéter pour leur indépendance vis-à-vis du gouvernement et s’insurgent de n’être pour Paris qu’un paramètre ajustable et modulable selon les circonstances et l’environnement. Ils savent d’ailleurs faire preuve d’imagination en avançant l’argument qu’un tel transfert ne profiterait pas à Metz ! On en viendrait presqu’à croire qu’après avoir accusé cette ville de tous les maux, ils en prendraient dès lors la défense. Il est vrai que la ceinture de fortifications messine à encore l’air rassurant et protecteur. Mais en s’abritant derrière ces remparts en affirmant que cette relocalisation de l’institut n’apporterait en rien une dynamique démographique et économique pour la ville, les agents franciliens cherchent avant tout à assurer leur propre défense et surtout à sauvegarder leurs propres intérêts. Et pour ce qui est de la protection de leurs intérêts, les statisticiens ne lésinent pas sur les moyens : grèves, manifestations, tracts ou autre pétition actuellement en cours de préparation font partie de leur arsenal. Autant dire que le combat s’annonce d’ores et déjà âpre.
Mais reste à déterminer la place de la ville de Metz sur le champ de bataille des protagonistes. Comprendre et accepter certaines réticences légitimes des agents de l’INSEE en ce qui peut concerner leur vie sociale et familiale, faire les yeux doux à Paris afin que le gouvernement français fasse pression sur l’institut et tente un passage en force, ou encore sortir les crocs pour ne pas être le dindon de la farce à la fin du conflit ? Bien épineuse est la question. Mais à n’en pas douter, une des solutions serait déjà de rester vigilants, sensibilisés et mobilisé.