Fier de mes racines lorraines et mosellanes, j’ai fait le déplacement samedi à Metz depuis la région parisienne afin de répondre présent à l’appel de mobilisation générale et de manifestation lancée par le premier magistrat M. Dominique Gros pour défendre les intérêts de Metz, ma ville de naissance et de cœur, et pour protester contre les conséquences honteuses et iniques de la réformes des armées dans l’agglomération messine. Je suis retourné le lendemain à Paris, pour raison professionnelle, complètement outré, indigné et révolté par le nombre excessivement faible de manifestants venu soutenir leur ville en ces heures particulièrement sombres et difficiles. Malgré les craintes que je pouvais légitimement nourrir, je n’imaginais pas un seul instant que le peuple messin pouvait être à ce point timoré. Ce manque d’intérêt et de considération pour la capitale lorraine est véritablement inacceptable et fait injure au glorieux passé de la ville.
Je tiens cependant à remercier du fond du cœur les élus mosellans et meurthe-et-mosellans présents, pour la première fois unis pour un même destin et dans l’intérêt général de la Lorraine, et ce, quelques soient leur couleur politique et les rivalités qui tendent malheureusement à persister. Je tiens également à remercier les organisations syndicales, les associations de défense locales et les salariés de la manufacture de tabac Altadis ainsi tous les autres manifestants venus pour le bien de la cité et pour la défense de l’emploi. Je tiens enfin et tout particulièrement à remercier Ms Gros et Leroy pour leur certaine fibre de patriotisme lorrain et pour leur appel à l’unité et non à toute forme de déchirement stérile et puérile. Pour tous les autres, absents de ce qui devait être un grand rendez-vous populaire et symbolique, je n’ai qu’à leur dire en toute simplicité et en toute ironie : « Chapeau bas mesdames et messieurs, félicitations ». 2000 personnes, c’est moins de la moitié de ce que j’avais espéré. Oui, sincèrement « félicitation » à tous ces gens qui se reconnaîtront certainement, à tous ces Messines et Messins qui ont préférés rester tranquillement et confortablement chez eux à l’abri de la pluie. Un grand bravo encore à celles et à ceux qui, au-delà de l’intérêt général de la ville de Metz et de la province toute entière dont elle est la capitale, n’ont pas compris qu’en daignant venir manifester avec leurs élus ils venaient aussi défendre leur propre intérêt personnel, si important dans cette société si individualiste. Car mesdames et messieurs, comprenez bien que si l’agglomération messine perd ses régiments, sa base aérienne, une partie non négligeable de sa population, cela va constituer tout simplement dans les années à venir un manque à gagner d’un point de vue économique, mais également une recette fiscale qui va aller en diminuant, et, qu’ une des mesures les plus simples pour pallier un tel manque est l’augmentation des impôts. Je tiens bien entendu un ton volontairement provocateur. Que toutes les personnes qui étaient désireuses de venir prouver leur attachement à la ville de Metz mais qui étaient malheureusement dans l’incapacité de le faire ne m’en tiennent pas rigueur. Certes, il est vrai que l’heure même de la manifestation, fixée à dix heure, a pu décourager une bonne partie des habitants de Bitche ou de Dieuze qui auraient été contraints de se lever à une heure bien matinale pour regagner Metz, et ce, après une semaine de travail, une semaine de reprise pour certains. Mais que représente la population de Bitche et de Dieuze par rapport à l’aire urbaine de Metz ? Je veux simplement inciter les Messins, les Lorrains, à prendre véritablement conscience des évènements et des enjeux actuels, à entamer une réflexion constructive et à en tirer tous les enseignements. Non, vraiment, 2000 personnes tout au plus, un seul drapeau lorrain sorti, quatre ou cinq banderoles, une fanfare qui prenait parfois l’allure de « farce folklorique », je me demande bien ce que tout cela peut bien représenter à la vue de ses « grandes pontes » de Paris, si ce n’est qu’une particule, un point minuscule. Cela dit, ce rassemblement a eu au moins le mérite d’exister et de montrer l’unité des élus lorrains. Mesdames et messieurs, Messines et Messins, ce samedi 6 septembre 2008, j’ai eu honte de vous, j’ai eu honte pour ma ville si tristement abandonnée par la France, si tristement abandonnée par la majorité de ses habitants, oui, j’ai eu honte pour la Lorraine. Mais, Messines et Messins, n’oubliez pas que je ne vous en veux pas, car je garde confiance en vous, car je garde un espoir fou qu’un jour vous vous réveillerez et que vous vous surprendrez à murmurer que oui, vous l’aimez votre bonne ville de Metz, et que, malgré le fait que je vous répondrais « mais alors qu’avez-vous fait pour la défendre ? », ce simple ce si touchant mais tellement puissant aveu sera déjà une grande bataille de gagnée.